« Vaison-la-Romaine, souvenirs d’une crue » : en 1992, l’Ouvèze devient « folle » et fait 36 ​​morts

Myriam Elhadad a réalisé un film édifiant sur la tragédie de la crue historique du Vaucluse en 1992. Le souvenir du drame, qui a fait au moins 36 morts, est encore vivace.

La pluie était annoncée à Vaison-la-Romaine le 22 septembre 1992. Mais rien ne laissait présager la catastrophe qui s’abattait sur la ville et ses environs. En début d’après-midi, un nuage de 13 kilomètres s’est formé au-dessus de cette zone du Vaucluse.

En quelques heures, la tempête qui s’est abattue sur la ville a rendu la petite rivière, l’Ouvèze, complètement « folle », selon les habitants. Le camping a été dévasté, les maisons construites en zone inondable ont été littéralement arrachées de terre, avec leurs occupants, les caravanes se sont écrasées sur le pont romain du centre-ville, avant d’être emportées par les eaux.

Au total, 63 communes ont été touchées par cette crue. Mais c’est Vaison-la-Romaine qui a payé le plus lourd tribut, avec 34 morts et des dégâts matériels colossaux. Le documentaire de Myriam Elhadad revient sur cette journée tragique.

Le journaliste a rencontré des témoins : le maire de l’époque, Claude Haut, un jeune pompier volontaire de 20 ans, Thierry, qui a sauvé plus d’une trentaine de personnes dans le camping inondé, deux journalistes de la presse locale qui ont accédé aux lieux juste après l’orage, et un monsieur, armé de son caméscope, qui a filmé par réflexe des images spectaculaires, qui hantent notre imaginaire 32 ans après.

Dans l’ancien lit de la rivière : un camping, trois lotissements et un supermarché

En 1992, on ne parlait pas de réchauffement climatique. Et encore moins d’aménagement du territoire. Et les erreurs commises dans ce domaine sont d’une stupidité effroyable : dans l’ancien lit de la rivière, un camping avait été aménagé, occupé en grande partie, à cette époque de l’intersaison, par des saisonniers.

Mais il y avait aussi trois lotissements et un petit supermarché. L’un d’eux a été complètement ravagé par les inondations, en quelques secondes, reconstitué par des images 3D. Les permis de construire, délivrés par le préfet, ont provoqué ce lourd bilan humain. Pourtant, les scientifiques avaient alerté sur ces constructions folles.

Le film raconte aussi la lenteur de la réaction des autorités. Et pour cause : en 1992, nous n’avions ni téléphone portable ni Internet. Juste des téléphones, des fax et des cartes de crédit. Bien sûr, le maire a appelé les secours assez tôt, vers 14 heures. Mais, les routes et les communications étant en partie bloquées, il a fallu attendre 17h03 pour que le plan Orsec se mette en route.

Pendant ce laps de temps, les naufragés de Vaison s’organisent tant bien que mal. Comme ce jeune pompier qui, au péril de sa vie, porte secours aux campeurs dans une embarcation prêtée pour l’occasion. Ou cet autre qui part secourir un petit garçon d’un arbre, seul survivant d’une famille dont la maison a été emportée.

Myriam Elhadad s’est aussi penchée sur ce qui a changé depuis : les permis de construire, les alertes météo et inondations, la gestion des urgences. Et même, de manière émouvante, sur le souvenir de ce 22 septembre 1992, largement documenté grâce à l’initiative d’un journaliste de la presse locale, à travers un film et des « carnets de mémoire ». Pour ne pas oublier. Et surtout, pour ne pas recommencer.

Vaison-la-Romaine, souvenirs d’une inondationFrance 5, 21h05, lundi 9 septembre 2024