Trois ans après les révélations du New York Times et un an et demi après le dépôt d’une plainte par le média américain, la Commission européenne est priée de s’expliquer sur les SMS échangés pendant la crise du Covid entre Ursula von der Leyen et le patron de Pfizer Albert Bourla, premier fournisseur de vaccins commandés par l’Union européenne.
Ce vendredi 15 novembre, devant le tribunal de l’Union européenne, à Luxembourg, la Commission européenne a réaffirmé qu’elle n’avait pas eu ces échanges et a assuré qu’ils ne faisaient pas partie d’une négociation pour l’achat de vaccins.
« On ne négocie pas en totalité par SMS »
Le contenu des SMS est toujours resté secret. La Commission, dont le manque de transparence a déjà été souligné dans ce dossier, a affirmé en 2022 qu’ils n’avaient pas été tenus. « La présidente (de la Commission, Ursula von der Leyen) n’a pas négocié les conditions du contrat par SMS » avec Albert Bourla, a affirmé l’avocat Miguel Buron Perez pour défendre l’attitude de l’exécutif européen. « Il y a eu des échanges par SMS pour organiser des échanges oraux. Nous ne négocions pas textuellement par SMS », a-t-il ajouté. L’avocat cite un exemple d’échange : « voici ce qu’a pu dire Albert Bourla : nous devons parler. D’accord. À 6h00 CET « .
Il a également expliqué que les services de la Commission chargés de retrouver ces échanges en 2022 avaient contacté le bureau d’Ursula von der Leyen. Sans gagner le procès. « La société a répondu qu’elle n’était pas en mesure de localiser ces documents. » « La Commission européenne n’a jamais nié l’existence d’interactions entre Ursula von der Leyen et Albert Bourla. Il n’y a pas de lien entre ces SMS et la discussion sur les accords sur les vaccins », a insisté Miguel Buron Perez.
« Les responsables peuvent-ils échapper à la transparence publique ? »
L’audience a donné lieu à des échanges animés, l’avocat du quotidien américain accusant la Commission d’avoir « violé les principes de bonne administration et de communication » en négligeant l’importance de ces SMS. « Cette affaire soulève une question très importante : les responsables peuvent-ils échapper à la transparence publique en communiquant par SMS ? », a interrogé cette avocate, Bondine Kloostra.
La révélation en 2021 par le New York Times de l’existence de SMS échangés entre Albert Bourla et le président de la Commission européenne a suscité une vive polémique. Le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer était alors le plus gros fournisseur de vaccins anti-Covid commandés par l’Union européenne.
Le New York Times a demandé l’accès aux SMS échangés dans le cadre de la liberté d’information. Le quotidien s’appuie sur un règlement européen de 2001 relatif à l’accès du public aux documents des trois grandes institutions de l’UE (Commission, Conseil et Parlement). La décision du tribunal européen ne sera pas rendue avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.