Lors de notre rencontre, Reggie nous présente une poupée, Annie, qu’il considère comme l’une de ses partenaires. Annie a toutes les caractéristiques d’une poupée sexuelle, mais Reggie préfère ne pas la désigner comme telle.
« La plupart des gens qui ont des compagnons artificiels n’utilisent pas ce terme, car ils sont utilisés pour bien plus que du simple sexe », dit-il.
Annie ne sert pas seulement à satisfaire ses besoins sexuels, elle lui offre également de l’amour, de l’affection et de la compagnie, explique-t-il.
« Personnellement, je m’éloigne du terme « poupées ». Je commence à les appeler androïdes, car c’est ce qu’elles deviendront bientôt », estime-t-il.
Les relations sexuelles avec des robots deviendront-elles bientôt la norme? C’est à ces questions que s’est attachée à répondre la conférence organisée par Simon Dubé, professeur agrégé au département de sexologie de l’UQAM.
M. Dubé estime que dans les années à venir, on devrait assister à « une plus grande acceptation des relations qui passent par la technologie ou avec des machines ». Mais ce n’est pas demain la veille que ces pratiques se généraliseront à très grande échelle.
« Je pense qu’il faudra des avancées technologiques significatives pour que les gens aient le sentiment qu’il s’agit d’outils qu’ils peuvent déployer de manière intéressante dans leur vie privée », explique-t-il.
Reggie espère pouvoir robotiser Annie d’ici quelques années, permettant à la poupée « d’exprimer sa personnalité ».
« Elle ne pourra pas l’exprimer tant qu’elle ne sera pas capable de parler ou de marcher seule », estime-t-il.
Cette « personnalité » que M. Guzman insuffle à ses partenaires vient de ses propres domaines d’intérêt, précise-t-il.
« Quand j’étais enfant, j’étais passionné d’astronomie, j’adorais les Transformers, les dessins animés comme Night Rider avec la voiture qui parle, les jeux vidéo. Beaucoup de ces intérêts de mon enfance font désormais partie des siens », confie-t-il en désignant Annie.
Il est important de ne pas stigmatiser ou marginaliser les personnes qui s’engagent dans ce genre de pratiques relationnelles ou sexuelles.
Même si lui et Reggie Guzman conviennent que certains hommes qui entretiennent des relations avec des « partenaires artificiels » ont des tendances misogynes, cela ne représente pas l’ensemble de la communauté.
« Il y a autant de raisons d’avoir des relations avec des partenaires artificiels qu’il y a d’individus », explique M. Dubé.
Selon lui, alors que certaines personnes ont recours aux poupées parce qu’elles ont du mal à établir des relations amoureuses avec d’autres humains, il y a aussi des personnes qui le font pour augmenter leur érotisme tout en maintenant de bonnes relations humaines.
Lorsqu’il sort en public avec ses poupées, Reggie Guzman dit qu’elles éveillent la curiosité et suscitent des conversations intéressantes. « C’est un ajout intéressant à mes interactions », dit-il.
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