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USA 2024 : les électeurs du Wisconsin voient l’élection présidentielle comme un test pour la démocratie

Michael Hovde n’apprécie pas le programme de Donald Trump. Des gens « terrifiants » entourent le milliardaire, dit-il, qui l’a rencontré dans le centre-ville d’Appleton, dans le comté d’Outagamie, l’un des endroits les plus divisés politiquement de l’État.

Il cite notamment le fameux « Projet 2025 », un programme façonné par un influent think tank conservateur et qui reprend de nombreuses idées avancées par Donald Trump. L’ancien président a cependant pris publiquement ses distances avec le texte. Selon Michael Hovde, ces conservateurs « veulent vraiment contourner l’équilibre des pouvoirs et museler l’efficacité de notre système politique ».

« Trump 2024 ». Non loin de là, au-delà des pelouses luxuriantes et des élégantes maisons victoriennes de la ville, Casey Stern, 58 ans, défend le candidat républicain. Dans son jardin, au-dessus du maïs et des courgettes, flotte un drapeau « Trump 2024 ». Une autre banderole appelle à la destitution de Biden avec le message suivant : « Nous, le peuple, sommes en colère. »

Si le message est direct, les réactions des passants le sont tout autant, des grossièretés lancées depuis la rue aux lettres qu’il reçoit chez lui. Il reconnaît que les « tweets méchants au milieu de la nuit » de Donald Trump peuvent être dérangeants, mais estime que le pays a besoin d’un dirigeant « avec une volonté de fer » pour répondre aux préoccupations des Américains : l’inflation, l’immigration et la criminalité. « Chaque fois que vous allez faire les courses, vous ne pouvez pas vous permettre d’acheter un steak », déplore-t-il.

Il se moque des accusations démocrates selon lesquelles Donald Trump mettrait en danger la démocratie et accuse le président Joe Biden d’étouffer le débat public autour de la pandémie de Covid-19. Pour lui, « Biden a fait plus pour nuire à la démocratie ».

S’il y a un État où le message démocrate selon lequel Donald Trump est une menace pour la démocratie peut mobiliser les électeurs, c’est bien le Wisconsin. Autrefois connu pour sa politique civique, cet État est devenu un épicentre de la partisanerie et un État clé pour l’élection de novembre.

Gouverneur républicain. Donald Trump avait remporté de justesse l’État lors de l’élection de 2016 avant d’être reconquis de justesse par Joe Biden en 2020. L’élection de Scott Walker au poste de gouverneur en 2010 a été un tournant : le républicain a mis en œuvre des changements radicaux, loin des habitudes politiques modérées de l’État.

Il retire le pouvoir aux syndicats et son équipe redessine les cartes électorales pour s’assurer le soutien des républicains dans l’État. Mais en novembre, les démocrates espèrent un retour en force, grâce à des cartes électorales moins partisanes établies suite à une décision de la Cour suprême de l’État.

Kristin Alfheim, candidate démocrate au Sénat, estime que l’augmentation de la compétitivité des circonscriptions ne peut qu’être bénéfique pour la démocratie. « Cela permet aux deux partis de se responsabiliser, sachant qu’ils vont devoir travailler ensemble », dit-elle.

AFP - Chef exécutif du parti démocrate d'Outagamie

Le chef de l’exécutif du comté d’Outagamie, le démocrate Thomas Nelson, le 21 juin 2024 à Appleton, Wisconsin. – KAMIL KRZACZYNSKI – Appleton (AFP)

Capitale papier. Pour Arnold Shober, professeur à l’université Lawrence d’Appleton, les inquiétudes concernant la démocratie ont une « résonance particulière » dans le Wisconsin depuis la défaite de Scott Walker en 2018. Mais cela peut être une arme à double tranchant : les électeurs républicains, qui craignent le désordre, se souviennent des manifestations, bien que non violentes, au Capitole de l’État contre les mesures antisyndicales de M. Walker, connues sous le nom de « loi 10 ».

Et « quand on parle du 6 janvier (la prise d’assaut du Capitole à Washington DC) dans le Wisconsin, les gens de droite disent immédiatement : « Et les démocrates sur la loi 10 ? » », a déclaré Shober. « Ils voient cela comme une question d’équité : « Vous l’avez fait, alors nous pouvons le faire » », a-t-il ajouté.

Division. Capitale du papier au XIXe siècle, le comté d’Outagamie a longtemps été dominé par les républicains. Mais Appleton, avec ses bars à cocktails, ses boulangeries artisanales et ses boutiques indépendantes, devient de plus en plus un territoire démocrate.

C’est une version localisée du clivage urbain-rural qui s’est emparé du pays. Le plus haut fonctionnaire du comté, Tom Nelson, bien que de gauche, a été réélu à plusieurs reprises depuis 2011 malgré la polarisation politique qui a commencé avec M. Trump, un homme qui, selon lui, a « attisé cette malveillance, ce mépris, cette haine ».

M. Nelson affirme avoir réussi à fédérer la population autour d’un message plus simple que la protection de la démocratie : les gens « veulent pouvoir vivre dans un environnement sûr et sain, avec une économie forte et dynamique ».

Shaun TANDON

© Agence France-Presse

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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