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Ursula von der Leyen paie le prix de l’appétit excessif de son parti

Le Parti populaire européen (PPE) aurait-il été trop cupide ? Lors du dîner informel des chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles, lundi 17 juin, les démocrates-chrétiens ont réclamé une part énorme du gâteau. Au point de pousser les autres convives à l’indigestion.

Les 27 dirigeants étaient invités à discuter de la répartition des postes les plus élevés au sein de l’Union européenne (UE) – la présidence du Conseil, la Commission, le Parlement et les rênes du Service européen pour l’action extérieure (comprendre : « diplomatie européenne »).

Selon des sources concordantes, le PPE, arrivé en tête des élections, n’a pas souhaité se contenter de la reconduction de l’Allemande Ursula von der Leyen et de la Maltaise Roberta Metsola, toutes deux sorties de ses rangs, respectivement à la tête de la Commission européenne. et le Parlement européen. Sa proposition ? En outre, le mandat du président du Conseil européen devrait être « réduit en deux », soit deux ans et demi à deux reprises. Pour que le PPE récupère un demi-mandat, évidemment.

Un accord d’ici fin juin ?

Pour les socialistes, ça suffit. Certes, le PPE a obtenu 190 sièges (sur 720, soit 26% de l’hémicycle) au sein de son groupe au Parlement européen, soit plus qu’en 2019 (182 sur 751 députés, à l’époque, soit 24%), mais le le score de Right n’est pas non plus impressionnant. La gauche estime que le poste de président du Conseil européen devrait revenir – dans son intégralité – à l’ancien Premier ministre portugais António Costa. Mais pour certains, cela ne marche pas : éclaboussé par un scandale de corruption, il a dû quitter le pouvoir fin 2023.

« Nous ne sommes pas parvenus à un accord » n’a pu que constater à la fin du dîner, peu après minuit, l’actuel président du Conseil européen Charles Michel, qui s’apprête à abandonner son tablier. « Il est de notre responsabilité de prendre une décision d’ici fin juin » il ajouta. Une réunion formelle du Conseil européen est prévue les jeudi 27 et vendredi 28 juin.

Il est nécessaire « laissez mijoter », a lancé le président Emmanuel Macron à la sortie du Conseil européen dans la nuit, refusant d’être « inutilement optimiste ». En fait, un accord semble à portée de main : Ursula von der Leyen pourrait conserver la Commission, Roberta Metsola le Parlement (pendant au moins deux ans et demi) et António Costa s’installer au Conseil européen.

La volonté des Européens « ignorée »

Quant aux libéraux, en perte de vitesse, ils pourraient installer le Premier ministre estonien Kaja KALLAS au SEAE. Si ce scénario se confirme, la nomination d’Ursula von der Leyen à la tête de l’exécutif européen pourrait être validée – ou non – par le Parlement européen dès juillet.

Car le Premier ministre hongrois Viktor Orban, fervent opposant au projet communautaire, a déjà exprimé son émotion sur le réseau social X : « La volonté du peuple européen a été ignorée à Bruxelles. » Il aura bientôt d’autres occasions de se révolter puisque lors du Conseil européen de la semaine prochaine, outre les « hauts emplois », les 27 chefs d’Etat et de gouvernement examineront « l’agenda stratégique » de l’UE pour les cinq prochaines années.

Derrière ce nom pompeux se cache un enjeu de taille : se mettre d’accord, ensemble, sur les nouvelles priorités du Vieux Continent. Cette discussion s’annonce au moins aussi sensible que celle sur les plus hautes fonctions. Et comme c’est souvent le cas, les appétits de chacun diffèrent.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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