Ursula von der Leyen annule sa rencontre avec le Premier ministre serbe sur les liens avec la Russie
Milos Vucevic, Premier ministre serbe, venait de s’entretenir avec le ministre russe du Développement économique, Maxim Rechetnikov, également présent à Belgrade.
Quelques instants après avoir salué à Belgrade un « un partenariat (…) qui se renforce » avec la Serbie, dont« L’avenir est dans l’Union européenne (UE) »la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a refusé de rencontrer son Premier ministre qui venait de rencontrer un ministre russe.
Au troisième jour de sa tournée dans les Balkans occidentaux, Ursula Von der Leyen est arrivée en milieu de journée à Belgrade, en provenance de Bosnie, et elle y a rencontré le président serbe Aleksandar Vucic. Ce dernier a décidé de ne pas participer cette semaine au sommet des Brics en Russie – où la Serbie était représentée par quatre ministres – alors qu’il avait été invité par le président russe Vladimir Poutine.
Après la rencontre avec le chef de l’Etat serbe, Ursula Von der Leyen a salué les efforts de la Serbie pour mener à bien les réformes nécessaires dans ses négociations d’adhésion à l’UE ainsi que ses choix stratégiques.
« Je voudrais dire que ma présence ici aujourd’hui, qui est mon quatrième voyage dans les Balkans depuis mon entrée en fonction, est un signe très clair que l’avenir de la Serbie est dans l’Union européenne »a déclaré Ursula von der Leyen lors d’une conférence de presse. « Le partenariat entre l’UE et la Serbie se renforce »a-t-elle ajouté, sans mentionner le fait que la Serbie ne s’est pas alignée sur les sanctions européennes contre Moscou après son invasion de l’Ukraine. Aleksandar Vucic a tenu à préciser aux médias que ce sujet avait été évoqué.
Communiqué « retiré »
Parmi les six pays des Balkans occidentaux souhaitant adhérer à l’UE, la Serbie est l’un des plus avancés. Avant un dîner avec le président serbe, Ursula Ursula von der Leyen devait rencontrer le Premier ministre serbe Milos Vucevic, mais cette rencontre a été annulée au dernier moment. La raison : il venait de s’entretenir avec le ministre russe du Développement économique, Maxim Rechetnikov, également en visite à Belgrade.
« Nous avons annulé la rencontre avec le Premier ministre (serbe) suite à (sa) rencontre avec le ministre de l’Economie de la Fédération de Russie »a déclaré à l’AFP l’ambassadeur de l’Union européenne en Serbie, Emanuele Giaufret. Selon lui, il y avait « une indication de l’intention de la Serbie de renforcer les relations économiques dans d’autres domaines avec la Fédération de Russie ».
Ce « intention » était lisible, selon Emanuele Giaufret, dans un communiqué « publié sur le site » du gouvernement serbe, avant d’être « supprimé ». « Dans cette optique, le président de la Commission a estimé qu’il n’y avait aucune raison de tenir la réunion avec le Premier ministre »dit l’ambassadeur.
Entretien avec Poutine
Le communiqué retiré au gouvernement serbe, dont l’AFP a obtenu copie, fait état de la rencontre de Milos Vucevic avec le ministre russe, qui dirige un « Délégation russe » dans la capitale serbe. «Le Premier ministre serbe Milos Vucevic a discuté aujourd’hui avec le ministre du Développement économique de la Fédération de Russie, Maxim Rechetnikov, du renforcement de la coopération économique et autre entre les deux pays»selon ce texte, qui mentionne les importations de gaz russe et « négociations sur la prolongation de l’accord » en vigueur.
Le président serbe, qui a réitéré vendredi son intention de conduire la Serbie vers l’UE, s’est entretenu dimanche avec Vladimir Poutine, leur première conversation téléphonique depuis deux ans et demi. Milos Vucic a ensuite expliqué qu’il avait particulièrement remercié son homologue russe pour les livraisons de gaz cet hiver à « prix très avantageux ».
Lors d’une conférence de presse avec Ursula Von der Leyen, il a assuré que « la voie européenne » était d’un « une importance cruciale pour le progrès » de Serbie, tout en citant un sondage selon lequel 43% des Serbes sont favorables à l’adhésion à l’UE, contre 42% à l’intégration avec les pays Brics. « Mais nous ferons également des efforts pour préserver nos amitiés et nos partenariats avec tous les autres »dit-il.