Université d’été du PAM : Malgré les troubles internes, le parti maintient son cap et affiche ses ambitions
LE Fête de l’authenticité et de la modernité est à la croisée des chemins. Alors que ses dirigeants affichent de grandes ambitions pour la modernisation du Maroc, le parti est en proie à des troubles internes qui menacent de ternir son image. C’est dans ce contexte que le premier École d’été du PAM à Bouznika, sous le slogan « Un contrat renouvelé pour la dignité et l’espoir ». L’événement, qui s’est déroulé du 19 au 21 septembre 2024, se voulait une vitrine des idées et des projets du parti, mais sans occulter les défis auxquels il est confronté. Les organisateurs indiquent que ce conclave vise à renforcer la cohésion interne, préparer les futures échéances électorales, notamment les législatives de 2026, et investir dans le capital humain du parti.
Gestion de crise sous haute tension
Au cœur de la tourmente, Fatima Zahra El Mansouri, coordinatrice de la direction collégiale du PAM, a dû s’exprimer à cette occasion sur une affaire qui secoue le parti : la suspension de Salaheddine Aboulghali. Dans son discours, elle a tenté de justifier cette décision en évoquant un « dossier lourd » comprenant « un ensemble de plaintes qui mettent en cause l’intégrité morale du membre dont l’adhésion a été suspendue ». Selon elle, la révélation publique de ces détails « aurait porté préjudice à l’image de la direction tripartite et du parti dans son ensemble ».
L’affaire intervient à un moment où le PAM est déjà tendu, confronté à d’autres controverses. El Mansouri a notamment évoqué le « choc » provoqué par l’implication de deux membres éminents dans l’affaire dite « Escobar du Sahara ». Face à ces turbulences, elle a défendu la réaction du parti : « Le PAM n’est pas un tribunal et ne le sera jamais, la seule façon dont il a de répondre aux demandes des citoyens pour nettoyer ses rangs est de passer par des élections libres et transparentes ». charte éthique« .
Entre tradition et modernité
Au-delà de ces controverses internes, l’Université d’été du PAM a été l’occasion d’aborder des questions cruciales pour l’avenir du Maroc. Parmi celles-ci, la question de l’identité et de la culture amazighe a occupé une place centrale. Fatima Saadi, membre du bureau politique, a fait un exposé détaillé sur l’évolution de la reconnaissance officielle de la langue amazighe. Mme Saadi a souligné l’importance de cette évolution tout en pointant les défis qui demeurent. « J’espère qu’à l’avenir, il deviendra habituel pour les Marocains de s’exprimer en amazigh et que nous n’aurons plus besoin de traduire le contenu de nos discours en amazigh », a-t-elle dit, avant d’ajouter : « Cette réalité montre que nous sommes encore au début du processus de mise en œuvre effective et pratique du caractère officiel de la langue amazighe. Langue amazighe« .
Là transition numérique est apparu comme un autre thème majeur de cette Université d’été, reflétant l’ambition du PAM de se positionner comme un parti moderne et tourné vers l’avenir. Ghita MezzourLa ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, a souligné l’importance cruciale de cette transition. Mme Mezzour, donnant la primeur aux militants de son parti, a également présenté les grandes lignes de la stratégie Maroc numérique 2030La stratégie de l’Académie PAM, qui sera lancée le 25 septembre 2025, repose sur deux piliers principaux : la digitalisation des services publics pour offrir des services simples, transparents et facilement accessibles à tous les citoyens, et le développement de l’économie numérique, avec un accent particulier sur le secteur de l’externalisation des services, les startups et la digitalisation du secteur privé. Mais à côté de ces opportunités, la transition numérique suscite également des inquiétudes, notamment en matière de protection des données personnelles et de cybersécurité. Ahmed Akhchichine, président de l’Académie PAM, a alerté sur les risques liés à l’utilisation abusive des réseaux sociaux. « L’utilisation inappropriée des médias sociaux a conduit à l’émergence de nombreux phénomènes tels que l’intimidation, le harcèlement, la diffamation et l’exploitation », a-t-il souligné, appelant à un renforcement du cadre juridique pour lutter contre la cybercriminalité.
L’emploi des jeunes : un enjeu crucial pour l’avenir
La question de l’emploi, et plus particulièrement celle des jeunes, est également apparue comme un thème central de cette Université d’été, reflétant l’une des préoccupations majeures de la société marocaine. Younes SekkouriLe ministre de l’Inclusion économique, des Petites Entreprises, de l’Emploi et des Compétences, a dressé un tableau sans concession de la situation de l’emploi au Maroc. « Le gouvernement a hérité de plus de 1,4 million de chômeurs des gouvernements précédents, et la pandémie de la Covid a davantage aggravé la situation économique du pays, entraînant des pertes d’emplois pour de nombreux citoyens », a-t-il déploré. Face à ce constat alarmant, le ministre a présenté les mesures mises en place par le gouvernement, notamment le programme « Awrach » doté d’une enveloppe de 2,5 milliards de dirhams sur deux ans. Le ministre a également mis l’accent sur l’importance de la formation professionnelle et de l’adéquation des compétences avec le marché du travail. Il a notamment évoqué la suppression de plus de 150 filières « inadéquates » dans les filières de formation professionnelle et la création des Cités des Métiers et des Compétences.
Vers une nouvelle ère politique ?
Au-delà des thématiques abordées, cette Université d’été du PAM semble marquer une volonté de renouveau pour le parti. Fatima Zahra El Mansouri a exprimé sa satisfaction quant à la dynamique organisationnelle que connaît le parti, soulignant que « le PAM regorge de compétences et de jeunes énergies capables de proposer, d’innover et de contribuer à la gestion des affaires locales avec responsabilité, efficacité et un grand esprit patriotique ». L’Université d’été du PAM s’est ainsi distinguée par la diversité des thématiques abordées. Au-delà des sujets déjà abordés comme l’identité amazighe et la transition numérique, les participants ont eu l’occasion de se pencher sur des questions cruciales comme la politique de l’eau, enjeu majeur face aux défis climatiques. L’entrepreneuriat numérique a également fait l’objet d’un atelier spécifique, mettant l’accent sur la volonté du parti de se positionner sur les enjeux de l’innovation et de l’économie numérique. La réforme du Code de la famille, sujet sociétal sensible et important, a été abordée sous l’angle des « perspectives du possible ». Enfin, un atelier consacré aux « enjeux de l’action politique au Maroc » a permis aux participants de réfléchir à l’avenir de l’engagement civique et partisan dans le pays.
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