« Une victoire pour nous », l’émotion du compagnon d’Elodie Clouvel, non sélectionnée pour les Jeux et sparring-partner de luxe
Non sélectionné pour le pentathlon moderne aux JO de Paris en juin dernier, Valentin Bélaud s’est transformé en sparring-partner de luxe pour Elodie Clouvel, médaillée d’argent ce dimanche. Il a laissé entrevoir sa grande émotion.
Ce n’est pas sa médaille mais son émotion était très forte. Valentin Bélaud rêvait lui aussi de connaître la joie d’un podium olympique mais il ne s’est pas retenu en juin dernier pour l’épreuve masculine de pentathlon moderne, battu par Jean-Baptiste Murcia et Valentin Prades. Du coup, il s’est mué en partenaire d’entraînement de luxe pour sa compagne Elodie Clouvel avant les JO de Paris. Huit ans après Rio, le pentathlète s’est à nouveau paré d’argent, ce dimanche au terme d’une course riche en émotions. Et d’une année jalonnée de doutes.
« Elle était presque épuisée. »
« C’est une histoire de résilience, de courage et de ne jamais abandonner, même quand on est au plus bas », a-t-elle déclaré. « Il y a un an, j’ai voulu tout abandonner. Au final, je suis médaillée olympique avec deux grands athlètes au sommet du monde, Michelle Gulyas et Seungmin Seong, qui est champion du monde. »
Valentin Bélaud, très ému, témoigne de ce soulagement après les doutes et les déceptions. « En juin, j’ai appris que je n’allais pas faire les Jeux et tout de suite, on a changé, explique-t-il. Je suis devenu son sparring-partner pour l’accompagner. Aujourd’hui, elle a une médaille, donc c’est magnifique. Elle a toujours été ma muse depuis qu’on est ensemble. On a essayé de travailler en équipe tout le temps. Je suis tellement fier d’elle, ces émotions, elles sont magiques. Une victoire comme ça, c’est une victoire pour nous, c’est pour toute notre famille, notre équipe, toutes les personnes qui nous accompagnent. Je suis infiniment fier, heureux. Là, je vole, c’est magique. »
Il se souvient du revirement opéré par l’athlète de 35 ans il y a un an. « En juillet-août dernier, c’était dur, elle était presque en burn-out, elle disait : ‘je vais arrêter, j’ai peut-être fini ma carrière, je suis peut-être trop vieille' », se souvient-il. « On a continué et en octobre, elle a changé. Elle s’est adaptée pour le mieux avec toute son expérience. Ce qu’elle a fait était complètement nouveau. Elle a sauté le pas, elle a osé. Elle m’a dit : ‘je préfère que ma carrière s’arrête en octobre mais que j’ai tout essayé’. » Il se souvient « des larmes » après une séance de tir ratée (son point faible) lors de l’étape de Coupe du monde en Bulgarie en mai dernier.
« Nous avons nagé en public toute l’année »
Cette nouvelle méthode de préparation s’est déroulée en dehors de l’INSEP, de manière un peu autonome mais avec la compréhension des autorités, comme l’Agence nationale du sport (ANS), structure soutenue par Claude Onesta pour accompagner les sportifs. « Pour les jeunes sportifs, on a un système qui est déjà bien rodé, mais une fois qu’on gagne des Coupes du monde, c’est bien que les portes s’ouvrent, poursuit Valentin Bélaud. L’Agence du sport a participé à cela. En octobre, elle a eu des réunions avec Claude Onesta pour lui dire qu’il fallait autre chose. »
Ensemble, ils s’entraînent à Saumur ou à Fontainebleau, d’où viennent certains chevaux des compétitions olympiques (les autres viennent de la Garde républicaine). « Il a fallu prendre rendez-vous en mairie moins de 10 mois avant les Jeux pour demander à avoir un couloir. On a nagé en public toute l’année. On a tout créé au début sans savoir où on allait. Avec notre cœur et Elo qui en est le porteur. Quand je dis qu’elle est ma muse, c’est parce que parfois, quand je ne sais pas, je la suis. »
« Je suis infiniment fier d’elle. Je l’aime beaucoup. »
Cet argent, Valentin Bélaud ne le prend pas pour lui mais le reçoit avec beaucoup de gratitude. « C’est sa médaille avant tout. Oui, on travaille en équipe mais c’est avant tout la sienne. Elle est partagée avec toutes les personnes qui l’ont accompagnée. C’est une méthode d’entraînement personnalisée, c’est la récompense », ajoute-t-il.
Emilie Clouvel abonde dans le même sens. « Cette médaille a une saveur particulière dans le sens où c’est celle de la persévérance, il ne faut jamais baisser les bras, ne jamais abandonner, car aujourd’hui, j’étais comme une reine au château de Versailles, acclamée par tout le public français. » Elle vise désormais les JO de Los Angeles dans quatre ans mais fera une pause avant d’avoir un bébé avec Valentin Bélaud. Lui aussi reprendra sa course olympique qu’il pourrait, cette fois, suivre à trois.