Une usine turque va éviter les droits de douane
Quand les impôts deviennent des opportunités : BYD, le constructeur chinois de voitures électriques et hybrides, fait des contraintes européennes un avantage stratégique. Le prix de cette audace ? 1 milliard de dollars pour une usine en Turquie.
L’industrie automobile européenne est confrontée à une concurrence croissante des constructeurs chinois, notamment dans le domaine des voitures électriques. Pour protéger son marché, l’Union européenne a imposé des « droits compensateurs » sur les voitures électriques chinoises, une mesure visant à rééquilibrer la concurrence face aux entreprises qui, selon l’UE, bénéficient d’avantages déloyaux grâce au soutien de l’État chinois.
C’est dans ce contexte que BYD, le géant électrique chinois, vient d’annoncer un investissement massif qui pourrait changer les règles imposées par l’UE.
BYD a trouvé un moyen de contourner les taxes européennes : une usine d’un milliard de dollars en Turquie, selon un rapport FortuneUn investissement colossal qui pourrait bien rebattre les cartes du marché automobile européen.
La Turquie est un choix stratégique
Pourquoi la Turquie ? Ce n’est pas un hasard. Avec ses 90 millions d’habitants et un marché électrique en pleine croissance (7,5 % des ventes), le pays offre déjà un débouché intéressant. Mais ce n’est pas tout : la Turquie dispose d’un atout de taille aux yeux de BYD. Elle bénéficie d’un accord commercial privilégié avec l’Union européenne, qui permettrait au constructeur chinois d’éviter les fameux « droits compensateurs » imposés par l’UE sur les voitures électriques chinoises.
Ces droits, qui peuvent atteindre 27,4% pour BYD (dont les 10% de droits de douane classiques), sont un véritable casse-tête pour les constructeurs chinois. En implantant une usine en Turquie, BYD pourrait donc produire des véhicules considérés comme « européens », échappant ainsi à ces taxes. A noter que cela fonctionnerait aussi pour le bonus écologique français.
Un investissement qui en dit long
L’investissement d’un milliard de dollars annoncé par BYD n’est pas anodin. Il démontre l’importance stratégique du marché européen pour le constructeur chinois. Cette usine turque sera la deuxième de BYD sur le « sol européen », après celle en construction en Hongrie.
Cette stratégie d’implantation locale permet à BYD de contourner les barrières douanières, de réduire les coûts logistiques, d’assurer des livraisons plus rapides et de bénéficier potentiellement d’aides à l’achat de véhicules électriques dans certains pays européens (dont la France).
L’implantation de BYD en Turquie s’inscrit dans un contexte géopolitique plus large. Il y a un mois, la Turquie a annoncé une augmentation des droits de douane sur les voitures électriques chinoises pouvant atteindre 38 %. BloombergLe gouvernement turc serait prêt à reculer après les négociations avec la Chine.
Ce revirement, s’il se confirme, pourrait ouvrir la voie à d’autres industriels chinois désireux de s’implanter en Turquie. Une aubaine pour le pays, qui cherche à attirer les investissements étrangers et à se positionner comme un hub industriel entre l’Asie et l’Europe.
Pour mémoire, BYD commercialise actuellement une gamme déjà bien fournie, avec les Han, Tang et Atto 3, ainsi que le Seal et le Dolphin. On trouve également le Seal U, l’équivalent du Model Y. Sans oublier sa filiale haut de gamme Denza, qui a annoncé son arrivée en Europe.
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