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C’est l’une des courses technologiques du siècle. Quandela, jeune entreprise française créée en 2017, est parmi les plus avancées au monde dans la fabrication d’ordinateurs quantiques. Une technologie encore balbutiante mais qui permettra très prochainement de décupler la puissance de calcul des machines.
Dans ce tout nouvel entrepôt situé à Massy (Essonne), dans une pièce sans fenêtre, se trouve l’un des quatre ordinateurs quantiques fabriqués par Quandela depuis 2022. Cette machine de plusieurs millions d’euros se réduit à deux armoires d’environ 1,50 m de haut, très similaires à ceux trouvés dans les centres de données du monde entier. Mais à l’intérieur, tout est différent. « Nous n’avons pas du tout les mêmes composants et circuits électroniques que ceux que l’on retrouve dans nos ordinateurs traditionnels. Ici, nous allons avoir des composants quantiques »explique Valerian Giesz, co-fondateur de Quellela.
Quantique, c’est s’appuyer sur les propriétés de la matière à l’échelle de l’infiniment petit. Un monde où les objets se comportent étrangement. Une particule peut être dans plusieurs états tant qu’elle n’a pas été mesurée : c’est la superposition quantique. Et deux particules sont liées même lorsqu’elles sont séparées par une grande distance : c’est l’intrication quantique. Pour vulgariser les capacités quantiques des ordinateurs, une métaphore souvent utilisée par les scientifiques est celle du labyrinthe.
« Avec l’informatique classique, pour sortir du labyrinthe, il faut choisir entre gauche et droite à chaque intersection, avec l’informatique quantique, on peut tester toutes les solutions d’un coup »
Xavier Pereira, directeur du développement chez Quellela
« Les ordinateurs quantiques vont réellement accélérer la résolution de problèmes très complexes que nos ordinateurs actuels ne peuvent pas résoudre.« , ajoute Valériane Giesz. Des capacités informatiques qui intéressent beaucoup de monde. À ce jour, Quandela a déjà vendu deux de ses ordinateurs photoniques à des entreprises privées, un à OVHcloud et un à une filiale d’EDF au Québec.
Les secteurs qui utilisent des algorithmes, comme la finance, l’intelligence artificielle, les transports ou l’industrie pharmaceutique, surveillent de près cette technologie. « Aujourd’hui, la modélisation de molécules pharmaceutiques prendrait des dizaines, voire des centaines d’années sur nos meilleurs ordinateurs.explique Valérien Giesz. Avec les ordinateurs quantiques, il ne faudra que quelques heures, quelques jours pour avoir des solutions« .
Quandela a choisi d’utiliser les propriétés quantiques du photon, le grain de lumière. Dans une salle d’optique, des ingénieurs en blouse assemblent une à une le composant qui émet ces particules de lumière. Il s’agit du cryostat, une sorte de super-réfrigérateur de la taille d’une caisse. Nicolas Marin, directeur de l’ingénierie matérielle chez Quandela, explique son fonctionnement : « Nous allons générer des photons. Et ces dispositifs semi-conducteurs nécessitent une température de fonctionnement de l’ordre de 2 à 3 degrés au-dessus du zéro absolu, donc à moins 270°C. Vous voyez donc que les cryostats sont vraiment très petits. Ils servent uniquement à générer des photons et à les détecter. »
Dans son usine de Massy, Quandela prévoit de construire quatre ordinateurs quantiques par an dès l’année prochaine. Elle espère aussi produire en 2025 ses premiers « Qubits logiques », permettant de fabriquer des machines sans erreur, ce que personne n’a réussi à faire en Europe jusqu’à présent. Pour y parvenir, l’entreprise, qui a déjà levé 65 millions d’euros depuis sa création en 2017, prépare une prochaine levée de fonds de plusieurs centaines de millions d’euros.