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une trajectoire « encourageante mais fragile », selon le Haut Conseil pour le Climat

Dans son rapport annuel publié jeudi, l’organisme indépendant estime que le rythme de décarbonation de la France est compatible avec ses objectifs climatiques à l’horizon 2030.

«  Maintenir le cap de la décarbonation » Pour «  protéger la population » : dans son rapport annuel publié ce jeudi, le Haut Conseil pour le climat, organisme indépendant chargé d’évaluer l’action publique en faveur du climat, salue l’accélération de la baisse des émissions de gaz à effet de serre en France. Il appelle cependant à ne pas relâcher les efforts et s’inquiète du retard dans la publication des textes législatifs indispensables à l’encadrement de la trajectoire française. A l’heure où les enjeux climatiques et environnementaux sont éclipsés par l’actualité politique, le HCC s’abstient de tout commentaire mais rappelle que «  l’action climatique est nécessaire quel que soit le gouvernement ». Le point sur ses conclusions :

  • La France sur la bonne voie pour 2030…

«  La France a connu, pour la première fois en 2023 (hors crise Covid), un rythme de baisse de ses émissions de gaz à effet de serre dont l’ampleur – si elle se maintient dans les années à venir – est cohérente avec une trajectoire de décarbonation pour atteindre ses objectifs à l’horizon 2030. »soit une baisse de 55% des émissions nettes par rapport à 1990, selon le HCC. «  C’est la première fois qu’on peut dire ça et c’est encourageant. »constate sa présidente, la climatologue Corinne Le Quéré, ajoutant qu’il faut désormais «  consolider tout ça ». Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont en effet diminué de 5,8 % par rapport à 2022 pour atteindre 373 millions de tonnes équivalent CO2 en 2023. Une baisse presque deux fois plus élevée que celle enregistrée en moyenne chaque année entre 2019 et 2022. La France est donc en en bonne voie pour respecter son budget couvrant la période 2019-2023 en termes d’émissions brutes (c’est-à-dire sans prendre en compte les puits de carbone). Une autre bonne nouvelle est que jusqu’à deux tiers de cette baisse peuvent potentiellement être attribués à des facteurs structurels. Le climatologue cite l’exemple de «  l’effet substantiel de l’électrification du parc automobile » : 16 % des nouvelles immatriculations en 2023 étaient des véhicules électriques, ce qui représente 40 % de la réduction des émissions des véhicules particuliers.

Mais «  ces actions sont fragiles et le financement n’est pas garanti dans le temps », a prévenu le président du HCC lors d’une conférence de presse. Le rapport pointe ainsi du doigt les politiques climatiques non «  suffisamment aligné » avec l’atteinte de la neutralité carbone en 2050. Exemple cité, celui des puits de carbone : «  Nous ne pouvons pas atteindre la neutralité carbone sans eux, explique Corinne Le Quéré. Mais si on plante un arbre demain, on aura un puits de carbone dans 10, 15 ans ; un plan de régénération forestière à plus long terme est donc nécessaire. »

  • L’adaptation « s’institutionnalise »

Le HCC se félicite que la France se prépare désormais à un réchauffement de 4°C d’ici 2100. Il déplore cependant que le plan d’adaptation basé sur cette trajectoire de réchauffement tarde à se finaliser, à l’heure où «  certains territoires français, notamment ceux qui ont été fréquemment inondés, ont déjà atteint les limites de leurs capacités à s’adapter au changement climatique « .

  • Un retard législatif inquiétant

«  Les changements dans le calendrier législatif créent un risque de revers »note le Haut Conseil pour le Climat : «  Ni la loi de programmation énergie-climat, ni la stratégie énergétique et climatique française, ni la 3e stratégie nationale bas carbone, ni le 3e plan national d’adaptation au changement climatique, ni la 3e programmation pluriannuelle de l’énergie n’ont été formellement adoptés, malgré les obligations législatives. « . Or, comme le souligne Sophie Dubuisson-Quellier, membre du HCC et directrice de recherche au CNRS, ces textes «  sont essentiels pour structurer la politique climatique française, donner de la visibilité aux acteurs économiques » et établir la crédibilité de la politique climatique du pays.

  • Tous les secteurs concernés

«  Tous les grands secteurs émetteurs ont vu leurs émissions diminuer en 2023 ». Celui des transports, premier émetteur de GES en France (un tiers des émissions), «  entame sa trajectoire de décarbonation » Après « ayant pris beaucoup de retard » : son rythme de baisse, de 3,4% entre 2022 et 2023, mais doit encore tripler. Le secteur du bâtiment (16% des émissions) voit également ses émissions diminuer, mais trop lentement : le rapport pointe des aides concentrées sur «  étapes simples pour la rénovation » au détriment d’une isolation performante, ou encore des annulations de crédits et des modifications incessantes du dispositif MaPrimeRénov, qui créent la confusion auprès des ménages et des professionnels. L’agriculture reste l’un des secteurs qui a le plus de mal à s’engager dans la décarbonation : ses émissions ont diminué de 1,6% l’an dernier en raison d’une moindre utilisation d’engrais et de la réduction du cheptel bovin, selon les données publiées mercredi par le Citepa, l’organisme chargé de l’inventaire. des gaz à effet de serre français. Pour Corinne Le Quéré, le secteur souffre «  un manque de cohérence entre les politiques agricoles, alimentaires et environnementales »et souffre particulièrement de «  faible niveau d’exigence climatique et efficacité des aides de la PAC (politique agricole commune de l’UE) ».

  • L’énergie à la croisée de la décarbonation

La décarbonation de l’ensemble de l’économie dépend de ce secteur – qui représente moins de 10 % des émissions nationales. La demande d’électricité sans carbone dans tous les secteurs va en effet augmenter massivement dans les années à venir. Or «  La stratégie française axée sur le renouvellement du parc nucléaire fait peser des risques sur la disponibilité de l’électricité à l’horizon 2035, compte tenu des délais longs et des incertitudes liées au nucléaire « . CONTRELes incertitudes sont «  insuffisamment compensé par la croissance de énergies renouvelables « , estime le HCC.

  • Les puits de carbone en danger

La feuille de route climat de la France, fixée par sa stratégie nationale bas carbone (SNBC) pour 2019-2023, prévoyait d’atteindre au moins 40 millions de tonnes de CO2 absorbées par les forêts et les sols d’ici 2030. Mais ces puits n’ont absorbé qu’environ la moitié de cet objectif. «  ces dernières années, notamment sous l’effet conjugué de sécheresses répétées depuis 2015, de maladies affectant le taux de mortalité des arbres et d’une augmentation des récoltes de bois », explique le Citepa. Cela implique donc « un effort encore plus important dans d’autres secteurs afin d’atteindre la neutralité carbone ». Si les forêts sont en danger, Jean-François Soussana, membre du HCC et vice-président d’INRAE, constate de son côté que la France ne s’est pas équipée non plus. politique nationale ambitieuse pour le stockage du carbone dans les sols « . Selon lui, il faudrait favoriser les cultures intermédiaires pour éviter les sols nus, protéger les prairies – qui captent également le dioxyde de carbone – ou renforcer l’agroforesterie.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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