Une taxe « confiscatoire » pour l’exploitant de ces champs de pétrole dans le Loiret
Par Laurent REBOURS
Publié le
6 avril 24 à 18h10
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Le Conseil d’État vient de désavouer Groupe canadien Vermilionqui l’avait saisi pour annuler les jugements ayant ratifié la taxe « confiscatoire » qui lui a été demandé en 2018.
Cette taxe visait spécifiquement l’exploitation des champs de pétrole de Château-Renard Et Saint Firmin (Loiret) et la « concession des Charmottes », au nord de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne).
Plus de 1,6 million d’euros d’impôts
Filiale française du « premier producteur pétrolier de France », Vermilion Moraine (anciennement Toreador Energy) avait en effet payé une « redevance minière progressive », une taxe liée à son » activité d’extraction de pétrole brut » sur ces dépôts.
Mais le taux de cette taxe avait été largement noté par un loi de finances rectificativeet l’entreprise a dû payer des sommes bien plus élevées que prévu.
Dans 2021elle saisit donc le tribunal administratif d’Orléans pour tenter d’obtenir le remboursement des sommes versées au trésor public français, pour un total de plus de1,6 millions d’euros. Au minimumelle souhaitait se faire rembourser près d’un million d’euros, ce qui correspondait à « la différence entre (…) le montant payé selon les nouvelles règles (…) et (…) le montant qu’elle aurait dû payer en application de la loi antérieure.
« Une ingérence illégale dans le droit au respect de la propriété »
« La loi de finances rectificative (…) ne présente pas un niveau de « qualité » suffisant au regard de la jurisprudence du Cour européenne des droits de l’homme compte tenu de son caractère irrationnel et erratique », a fait valoir l’avocat de l’entreprise. Il y voyait donc un « ingérence illégale dans le droit au respect de la propriété » de la société.
En vain, puisque le tribunal de première instance, puis la cour administrative d’appel de Versailles en juin 2023, avait à son tour rejeté sa demande. La société exploitante a alors saisi le Conseil d’Etat. Elle demanda au passage : 6 000 euros pour ses frais de justice.
Une hausse de la pression fiscale de 120%, une rentabilité en danger
Lors de la procédure d’appel, Vermilion Moraine a expliqué que « la modification du taux de redevance » avait « entraîné une Augmentation de 120 % de la pression fiscale qu’elle soutient, mettant en danger la rentabilité de son entreprise » et que cela était « de nature à conduire à une fin soudaine des concessions qu’elle exploite », ce qui contrevient au » principe d’une fin progressive des concessions (…) d’ici 2040« .
L’exploitant a également fait valoir que l’augmentation du taux de cette redevance minière progressive lui donnait un «caractère confiscatoire» et portait » préjudice disproportionné » le respect de ses biens, même s’ils sont garantis par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme.
Un objectif commun de transition énergétique
Mais les juges d’appel ont rappelé que les textes juridiques « poursuivent (…) un objectif commun de transition énergétique et de lutte contre changement climatique à laquelle la France a souscrit » et que, en ce sens, l’augmentation des frais était tout à fait légale.
Devant le Conseil d’État, le groupe canadien a soutenu que la cour administrative d’appel de Versailles avait « méconnue » la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’hommeselon lequel « Toute personne (…) a droit au respect de sa propriété ».
Le tribunal avait également « déformé les pièces » qui lui avait été soumise, selon lui.
Mais « aucun de ces moyens n’est de nature à permettre d’admettre le recours », tranche le Conseil d’Etat dans un arrêt du 13 février 2024 qui vient d’être rendu public.
Il a déjà été classé par des spécialistes du droit public parmi les décisions « importantes ».
MJ (PressPepper pour l’actualité d’Orléans)
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