Une statue de marbre rare découverte dans les ruines de la ville antique d’Héracléa Sintica en Bulgarie
En Bulgarie, des archéologues ont découvert une statue antique en marbre de deux mètres de haut, en excellent état de conservation, dans un ancien égout romain.
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Profil élancé, tête intacte, marbre immaculé : une statue exceptionnelle datant probablement du IIe siècle après J.-C. a été exhumée vendredi 12 juillet des ruines de la cité antique d’Heraclea Sintica, dans le sud-ouest de la Bulgarie.
Œuvres similaires « il en existe à Athènes et dans le nord de la Grèce, voire au musée du Louvre à Paris, mais ils sont rares »a déclaré à l’AFP le chef d’équipe Ludmil Vagalinski.
C’est en explorant la Cloaca Maxima, le grand pipeline souterrain de la ville, que les chercheurs sont tombés sur cette divine surprise. « Nous ne nous y attendions pas du tout, nous étions en train d’inspecter les lieux le troisième jour de notre mission » « Quand un pied est apparu, raconte-t-il. Enfouie sous terre, la sculpture – qui semble représenter un roi aux traits divins – a résisté aux aléas du temps, aux tremblements de terre et aux inondations du IVe siècle, grâce à son emplacement très particulier.
« À cette époque de christianisation forcée dans tout l’Empire romain, la statue, symbole des temps païens, était soigneusement cachée »souligne le professeur Vagalinski. Il se félicite de l’intérêt international que suscite cette découverte, dont « La taille d’environ 2,10 m était destinée à démontrer la supériorité du dieu sur l’homme. Sculptée dans un bloc de marbre monolithique, elle était allongée sur le côté gauche, une partie de son bras droit semblant avoir été intentionnellement coupée.
Une semaine après la découverte, les archéologues ont procédé à une fouille minutieuse. À l’intérieur du canal, la statue a été soulevée à l’aide de cordes. Les parties les plus fragiles, comme le cou et les chevilles, ont été protégées et la statue a été recouverte de mousse.
Il a ensuite été placé dans un coffre en bois pour être transporté au musée régional de Petrich, où il doit être examiné par des spécialistes avant d’être présenté au public.
Joyau de la cité d’Heraclea Sintica mentionnée dans les écrits d’Homère et d’Hérodote, cette sculpture illustre les splendeurs d’un site découvert à la fin des années 1950, au pied du mont volcanique Kojouh, à proximité des frontières avec la Grèce et la Macédoine du Nord.
Mais dans ce pays pauvre et gangrené par la corruption, des mosaïques et des objets d’art ont été pillés. Du marbre a même été détruit à l’explosif pour servir à la construction d’une ligne de chemin de fer dans les années 1970.
Ce n’est qu’en 2002, lorsque la police a saisi une plaque portant une inscription latine, que l’importance historique du site a été prise en compte, explique Katia Stoyanova, responsable de la gestion du patrimoine culturel à la mairie de Petrich.
Des fouilles de grande envergure furent lancées cinq ans plus tard. À peine 10% de la ville, qui couvrait environ 10 km2 pour une population estimée à 50 000 habitants, avait été explorée à ce stade.
Fondée par les Thraces au IVe siècle avant J.-C., Heraclea Sintica, devenue une cité hellénique prospère grâce au commerce du bois et des masques en céramique peinte pour le théâtre, se développe fortement sous la domination romaine à partir du IIe siècle. Victimes d’une série de catastrophes naturelles, ses habitants trouvent alors refuge sur le mont Kojouh, autour de l’acropole, où la cité déclinante survit jusqu’au VIe siècle.