La valeur retenue pour l’augmentation n’est pas une surprise mais les conditions dans lesquelles elle a été fixée sont en revanche bien plus surprenantes. Mardi 15 octobre, les partenaires sociaux ont décidé d’augmenter de 1,6% les retraites versées par l’Agirc-Arrco, le régime complémentaire des salariés du privé que cogèrent syndicats et patronat. Fait très inhabituel – peut-être inédit –, ce choix a été entériné malgré l’opposition du Medef, alors même que ce mouvement patronal exerce, en temps ordinaire, une influence déterminante sur la gestion du système. Un résultat obtenu grâce à l’alliance de cinq organisations de salariés et de l’Union des entreprises locales (U2P), qui défend les commerçants, les artisans et les professions libérales. Une telle issue risque de provoquer quelques étincelles entre les protagonistes, au moment même où ils doivent ouvrir des discussions, à la demande du gouvernement, sur l’assurance chômage et l’emploi des seniors.
La revalorisation, actée mardi par le conseil d’administration de l’Agirc-Arrco, prend effet le 1euh novembre pour les douze prochains mois et concerne environ 14 millions de personnes. Elle s’avère inférieure de 0,2 point à l’inflation attendue pour 2024 (soit +1,8%), ce qui est conforme aux règles que se sont données syndicats et patronat pour gérer le régime. Pour cet exercice, il est prévu que les retraites complémentaires suivront l’évolution des prix mais seront réduites de 0,4 point, ce qui se traduirait par une augmentation de 1,4%. Les partenaires sociaux ont cependant la possibilité de s’éloigner un peu de ce pourcentage (de 0,4 point, à la hausse comme à la baisse), en vertu d’un accord qu’ils ont signé.
Plusieurs organisations de salariés ont profité de ces marges de manœuvre pour réclamer, dès l’ouverture de la réunion de mardi, une hausse de 1,8%. Le Medef, ainsi que la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), ont proposé + 1,5 %. Au final, une majorité s’est dégagée en faveur du scénario +1,6%.
«Nous sommes convenus d’avancer ensemble»
Il s’agit de« bonne nouvelle pour les retraités »a déclaré mercredi matin Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, sur la chaîne de télévision Public Sénate. « Nous sommes parvenus à un terrain d’entente satisfaisant »confié à Monde Michel Beaugas, secrétaire confédéral de Force ouvrière. « Nous avons exigé une progression égale à l’inflation, ce qui était tout à fait légitime. Cependant, dans un esprit de responsabilité, nous avons collectivement trouvé un point de convergence à +1,6% »poursuit Christelle Thieffinne, au nom de la CFE-CGC. La CGT, par la voix de son secrétaire confédéral, Denis Gravouil, » né (hurle) pas la victoire »car il réclamait aussi + 1,8% au début des négociations. Mais il a préféré donner son feu vert à la solution +1,6%, tout comme les autres syndicats et l’U2P, sinon il risquait, selon M. Gravouil, de se retrouver avec une valeur inférieure. , voire une absence de revalorisation, du fait de la répartition des droits de vote au sein du conseil d’administration.
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