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« Une provocation » : l’avocat de la plaignante scandalisé après la publication d’une photo de Jegou et Auradou

Quelques heures plus tard, Natacha Romano peine toujours à cacher son agacement. Alors qu’elle se trouvait jeudi au parquet de Mendoza, dans le centre-ouest de l’Argentine, l’avocate a reçu sur son téléphone une photo montrant Hugo Auradou et Oscar Jegou souriant aux côtés de leur avocat argentin Rafael Cuneo Libarona. Ce dernier a publié jeudi la photo sur son profil Instagram privé, au lendemain de la décision du parquet local de placer les deux rugbymen en résidence surveillée le temps que l’enquête judiciaire se poursuive.

« C’est une provocation envers mon client, un acte totalement évitable », a déclaré Natacha Romano, qui voit dans « cette manière de célébrer » le signe que les deux joueurs français « ne comprennent pas la gravité des faits qui leur sont reprochés » par une Argentine de 39 ans.

« Le sentiment qu’ils sont victimes et qu’elle est coupable »

« Cela affecte encore plus la santé de la plaignante, elle est dévastée car cela lui donne l’impression d’être victime et qu’elle est coupable », a regretté l’avocat. La veille, ce dernier avait révélé que la victime présumée avait dû retourner « d’urgence à l’hôpital » mardi, après un premier séjour la semaine dernière, pour « une nouvelle décompensation due au stress post-traumatique qui lui a été diagnostiqué ». Après la publication de la photo et « après avoir lu certains commentaires », la plaignante « a dû augmenter sa prise de médicaments », a précisé Natacha Romano.

L’avocate a également révélé que sa cliente, mère de « deux petits garçons » dont elle préfère taire l’âge, « est heureusement très bien épaulée par ses parents et ses deux frères », qui forment « une famille très unie ». La semaine dernière, l’avocate avait livré au Parisien – Aujourd’hui en France un récit terrifiant des violences qu’aurait subies sa cliente. « Le plus grave qui a été constaté, c’est un hématome autour de l’œil, résultat d’un coup de poing », confiait-elle. « Il y a aussi des traces de coups au visage, au menton, au thorax, aux fesses, au dos, des traces de morsures, d’égratignures, de coups aux jambes. »

Fidèle à sa version des faits, l’avocate a également donné quelques détails sur les audiences prévues ce jeudi au parquet de Mendoza. « Le médecin légiste qui a constaté les blessures de la plaignante et la mère ont pu témoigner », a-t-elle confirmé. « C’était intense. Beaucoup d’informations ont été fournies. Le rapport médical certifie les blessures constatées sur la plaignante lorsqu’elle a déposé la plainte. La mère a vu ma cliente quand elle est rentrée chez elle (de retour de l’hôtel Diplomatic, dans le centre-ville de Mendoza). Elle a également constaté les blessures. Elle l’avait vue avant qu’elle ne parte pour cette boîte de nuit (le Wabi Fun Club) vers 1h30 ou 2h du matin. Et elle a vu une personne complètement différente, marquée par des traces de coups, revenir vers 9h. C’était très important pour nous qu’elle puisse témoigner. C’est sa mère, donc vous imaginez qu’elle est très marquée. » Aucune audience n’est prévue ce vendredi.

Le deuxième ligne palois Hugo Auradou (20 ans) et le troisième ligne rochelais Oscar Jegou (21 ans) sont mis en examen depuis vendredi dernier pour viol collectif aggravé sur une femme de 39 ans, originaire d’Argentine. Les faits se seraient produits dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 juillet dans la chambre 603 de l’hôtel Diplomatic de Mendoza, après une soirée dans un bar puis en boîte de nuit suite à la victoire des Bleus face aux Pumas (28-13). Les deux joueurs nient formellement les faits, reconnaissant une relation sexuelle consentie. Contacté, leur avocat argentin, Rafael Cuneo Libarona, qui n’était pas présent à l’audience ce jeudi, n’a pas répondu à nos sollicitations.

Jeoffro René

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