Il s’agit en quelque sorte du deuxième tour de la compétition entre places financières européennes lancée par le Brexit pour attirer les investisseurs et les capitaux. Les députés français entament, mardi 2 avril, l’examen d’un projet de loi dont le but est « d’augmenter le financement des entreprises et l’attractivité de la France ».
Présenté par Alexandre Holroyd, député Renaissance des Français établis hors de France, le texte, en quatorze articles, entend renforcer l’arsenal de mesures déployées depuis 2017 en vue d’attirer les acteurs financiers en France, avec, en même temps, à la clé, emplois et investissements.
Les réformes du marché du travail et l’introduction de l’impôt unique, entre autres mesures, ont déjà porté leurs fruits ces dernières années avec le transfert de Londres à Paris d’une partie des activités de marché de plusieurs grandes banques américaines. Au total, ce mouvement a créé près de 7.000 emplois directs et favorisé la croissance des exportations de services financiers, passant de 5 milliards d’euros en 2016 à 12 milliards en 2023.
Revendiquant désormais le titre de première place financière de la zone euro, Paris souhaite transformer l’expérience. Non seulement pour maintenir l’écart avec Londres, mais surtout pour continuer à attirer les flux de capitaux. Parce que « Nous ne pourrons pas financer la transition écologique et la digitalisation uniquement avec l’argent public. L’État a un rôle à jouer, mais c’est avant tout l’épargne privée qu’il faut mobiliser »nous expliquons au ministère de l’Économie, qui a « co-construit » le texte avec M. Holroyd.
L’objectif affiché est notamment d’attirer les fonds de private equity, fonds spéculatifs (hedge funds), les gestionnaires d’actifs et même les acteurs du marché des crypto-actifs. Une démarche revendiquée par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui s’est rendu à New York en décembre 2023, afin de rencontrer les acteurs de ces métiers, et qui envisage de répéter l’exercice dans plusieurs pays du Golfe au cours des prochains mois. .
Dispense du principe « une action, une voix »
Mais la mesure phare du projet de loi vise avant tout à dissuader les licornes françaises de choisir une place financière étrangère lorsqu’elles décident d’entrer en bourse. Le texte prévoit en effet d’autoriser ces sociétés à acquérir des actions à droit de vote multiple, donc de déroger au principe « une action, une voix » inscrit dans le code de commerce. Un mécanisme déjà autorisé sous conditions à Londres et Amsterdam, mais surtout à Wall Street, et qui permet aux fondateurs de ces entreprises d’accéder aux capitaux nécessaires au financement de leur croissance sans avoir à céder le contrôle.
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