Une première laiterie prête à reprendre les éleveurs lâchés par Lactalis – 11/10/2024 à 17:13
(AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER)
La société laitière LSDH est prête à collecter le lait d’une cinquantaine d’exploitations sur le point de perdre leur contrat avec Lactalis, a annoncé vendredi son dirigeant à l’AFP.
« Nous estimons pouvoir reprendre 50 exploitations », a déclaré le président de la LSDH, Emmanuel Vasseneix.
La multinationale Lactalis (Président, Lactel, Galbani), qui revendique le titre de premier groupe laitier mondial, a annoncé le 25 septembre qu’elle allait réduire progressivement ses volumes collectés en France de près de 9 %.
Ce sont environ 300 élevages – souvent gérés par plusieurs opérateurs associés – qui ne seront plus collectés par Lactalis dans l’est de la France et autour de la Vendée.
« Un certain nombre de producteurs abandonnés se trouvent tout près de notre usine de production de Cholet » (Maine-et-Loire), explique M. Vasseneix.
Cependant, cette nouvelle usine, qui conditionne le lait liquide vendu en grande distribution, ne fonctionne pas au maximum de ses capacités et « nous avons des clients – Leclerc, Auchan, Lidl – qui nous demandent des volumes supplémentaires » pour les vendre sous leurs propres marques. , explique-t-il.
– Eviter un « courant d’air » –
Emmanuel Vasseneix calcule pouvoir valoriser « entre 50 et 60 millions de litres » de lait par an. Lactalis souhaite réduire sa collecte d’environ 450 millions de litres en France.
Avec la principale organisation de producteurs qui l’approvisionne en lait (APLBC), l’entreprise a organisé cette semaine une rencontre avec les producteurs de Lactalis.
« Il y a un peu de conditionnalité. Les éleveurs doivent adhérer à notre philosophie », note le patron de la LSDH, qui tient à préciser qu’il ne cherche pas à réaliser une « opération comm », pour jouer le rôle de sauveur. , ni pour « créer un brouillon ».
L’alimentation des vaches sans OGM et l’accès aux pâturages font partie des bases demandées aux candidats.
« Cela ne se fera pas d’un claquement de doigts », renchérit auprès de l’AFP Jérôme Chapon, président de l’APLBC et éleveur de la Manche.
« Nous ne ferons rien », poursuit le producteur de lait. « Si nous n’avons pas de débouché devant nous, nous n’accepterons pas plus d’exploitations agricoles que nous ne pouvons en absorber. »
La France laitière, toujours exportatrice, perd chaque année des éleveurs, non remplacés par des jeunes. Les concurrents de Lactalis ne se sont toutefois pas précipités pour proposer de reprendre les contrats.
Le président de l’organisation défendant les intérêts des coopératives laitières, Pascal Le Brun, soulignait début octobre auprès de l’AFP que ces dernières ne pouvaient « pas être le réceptacle de tous les volumes » abandonnés par Lactalis.
Les coopératives, dont les poids lourds Sodiaal et Agrial, collectent la moitié du lait français.
A l’instar du géant privé Lactalis, « de nombreuses entreprises ont choisi de réduire leur exposition aux marchés volatils » des ingrédients laitiers soumis aux cours mondiaux, a relevé Pascal Le Brun, également président de l’interprofession laitière.
Ces industriels ne cherchent donc pas forcément à compenser les départs des éleveurs qui les approvisionnaient.