une petite entreprise nordiste, « Les Olympiades », contrainte de changer de nom
Le nom de l’entreprise, spécialisée dans l’équipement des clubs sportifs, est la propriété intellectuelle des Jeux olympiques, a récemment appris son dirigeant, qui devra se conformer à cette mise en demeure.
Il a d’abord pensé qu’il s’agissait d’un canular. Quand Guillaume Bourgeois, dirigeant de la PME du Nord « Les jeux olympiques », a reçu mi-janvier une lettre de mise en demeure lui demandant de changer le nom de sa société, il a dans un premier temps décidé de ne pas y prêter attention. Jusqu’à ce qu’il contacte un avocat spécialisé. Et surtout jusqu’à il y a deux semaines, où il a reçu une lettre de rappel, toujours de la part du comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 et du Comité Olympique Français (CNOSF), lui donnant vingt jours pour faire le nécessaire sous peine de se retrouver en justice, dit La voix du Nord.
Que reproche-t-on à son entreprise ? Pour utiliser un nom, « Les jeux olympiques »ce qui serait « la propriété intellectuelle des Jeux Olympiques », explique à France Bleu Nord le patron de la petite entreprise de 11 salariés, basée à Socx (Nord) et spécialisée dans l’équipement des clubs sportifs de la région. Et en effet, les deux commissions sont dans leur droit. Depuis de nombreuses années, les autorités olympiques chassent les entreprises, vendeurs et autres marques qui utilisent les symboles olympiques.
Guillaume Bourgeois défend sa bonne foi : lors de sa reprise de l’entreprise en 2016, qui était déjà appelée à l’époque « Les jeux olympiques » et qui existait déjà depuis 20 ans, il ne s’est pas posé la question de changer de nom, n’y voyant aucun problème. « Pourquoi aujourd’hui ? D’autant que nous ne sommes absolument pas en concurrence. Nous ne développons aucun produit avec le logo des Jeux Olympiques. Nous considérons cela comme une injustice »déplore Guillaume Bourgeois, interrogé par BFM Grand Littoral.
« Notre objectif n’est évidemment pas de ralentir son activité, ni de le pénaliser. Notre objectif est juste de faire valoir nos droits sur cette marque qui est la nôtre”a répondu au micro de TF1 Romain Voillemont, directeur juridique de Paris 2024. Figarole comité d’organisation développe sa position : « Les Jeux Olympiques possèdent certaines des marques les plus reconnues au monde, regroupées sous l’appellation « Propriétés Olympiques », celles-ci ne se limitent pas aux anneaux, elles comprennent notamment l’emblème de Paris 2024, les mascottes et certains termes comme « Jeux Olympiques ». Jeux », « Olympiques » ou encore « Olympiades ». L’utilisation de ces propriétés est strictement protégée et réglementée.
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Coût d’au moins 60 000 euros
Mais pour une petite entreprise, changer de nom n’est pas si simple. Parce que cela implique beaucoup de modifications : « Nous devrons changer l’enseigne du magasin, les statuts de l’entreprise, leur transférer le nom de domaine de notre site internet, changer la sérigraphie de nos cinq véhicules, supprimer des dizaines de panneaux publicitaires ainsi que tous les maillots des clubs locaux sur lesquels nos magasin apparaît », Liste de Guillaume Bourgeois auprès de France 3 Hauts-de-France, soit un coût estimé à au moins 60 000 euros. Montant auquel il faut ajouter le remboursement des frais de justice réclamés par Paris 2024, soit plus de 5 000 euros, et une éventuelle indemnisation. «Le risque de dépôt de bilan existe»avoue Guillaume Bourgeois à France Bleu Nord.
A l’approche de l’échéance du changement de nom, Guillaume Bourgeois a tenté ces dernières semaines de faire connaître cette affaire, afin d’obtenir un délai supplémentaire pour mener à bien toutes les démarches de changement de nom de l’entreprise. « Des négociations ont lieu et nous sommes proches d’un accord »indique le patron Figaro, sans en dire plus. Ce que confirme le comité d’organisation : « Aujourd’hui, Paris 2024 poursuit ses discussions avec M. Bourgeois afin de trouver une solution à l’amiable » prolonger le délai de 20 jours, est-il indiqué. Ce jeudi, sur le site de l’entreprise « Les jeux olympiques »le message était visible « site en construction ».