une nouvelle étape dans la décomposition du paysage politique français
Le patron de LR Éric Ciotti a provoqué mardi un séisme au sein de son parti en appelant à rejoindre le Rassemblement national. Il s’agit d’une rupture radicale avec 40 ans d’histoire de la droite. Du côté de la gauche, l’union annoncée pour les législatives semble fragile après des mois de tensions.
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Explosion à droite, tremblements à gauche, le séisme de dissolution, annoncé dimanche 9 juin par Emmanuel Macron, continue de provoquer des répliques. Une nouvelle étape, et celle-ci décisive, dans la décomposition du paysage politique déclenchée par l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Lorsqu’il était à Matignon, Édouard Philippe avait une formule pour commenter le ralliement des élus de droite au parti. majorité : « la poutre fonctionne… », il a dit. Depuis dimanche, le plafond, le sol et même les fondations ont cédé à droite. Il faut dire que le chef de l’Etat a lancé un bâton de dynamite, la dissolution, sur une maison LR déjà bien fragile après 12 ans de défaites électorales successives. Éric Ciotti a donc terminé la droite en souhaitant une alliance avec le RN. Une décision condamnée par la quasi-totalité des cadres, dirigeants et parlementaires LR.
Il s’agit d’une rupture radicale avec 40 ans d’histoire de la droite, 40 ans durant lesquels Jacques Chirac, Alain Juppé, Philippe Séguin ou Nicolas Sarkozy ont refusé toute forme d’accord avec l’extrême droite, au nom de la défense des valeurs. du gaullisme et de la République. Éric Ciotti enterre cet héritage et il l’a décidé seul, sans consulter personne ni aucune autorité, suscitant l’indignation de Gérard Larcher, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et de tous les chefs de parti qui l’accusent de « trahison »de « mensonge » et exiger sa démission de la présidence de LR.
Au fond, c’est un peu moins surprenant que ce soit sur l’immigration, l’islam ou la sécurité, Éric Ciotti s’exprime depuis des années comme Marine Le Pen, et il n’est pas le seul à droite. Elle offre donc une garantie à l’extrême droite, au logo LR, et sans doute à certains de ses électeurs. Et il complète ainsi ce qui reste d’un droit qui ne sait plus où il habite.
Pour la gauche, c’est à peine plus clair. Rebelles et socialistes se sont insultés pendant des mois, mais pendant la campagne, ils ont réorganisé la maison Nupes sous le même toit, rebaptisée « Nouveau Front populaire ». Dans la foulée, la direction PS humilie son ancien candidat, l’eurodéputé Raphaël Glucskmann, abandonné au profit des Insoumis, qui n’a cessé de l’attaquer pendant des semaines. Les socialistes risquent aussi de perdre une partie de leurs électeurs hostiles à l’accord avec Jean-Luc Mélenchon. Les crises politiques graves ont aussi un côté positif : elles permettent de distinguer les dirigeants politiques qui ont encore des convictions de ceux qui n’ont que des intérêts.