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une nouvelle application Doctolib fait débat

une nouvelle application Doctolib fait débat
Stanislas Niox-Chateau, co-fondateur de Doctolib, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le 23 mai 2022.

Avec cinquante millions de Français inscrits sur Doctolib, le leader de la prise de rendez-vous médicaux en ligne est très scruté dans le monde de la santé.

Mercredi 20 novembre, la société française a annoncé, comme chaque année, les fonctionnalités qu’elle compte développer dans les douze prochains mois. Assistant téléphonique virtuel avec intelligence artificielle pour soulager le travail de secrétariat, développement de la messagerie patient-soignant… La polémique est cependant venue d’une nouveauté qui peut paraître moins révolutionnaire : un onglet, baptisé « Santé », permettant de regrouper des données de santé. d’un patient, a ravivé les craintes de voir le groupe privé élargir encore sa place dans ce secteur sensible.

Depuis plusieurs décennies, les pouvoirs publics avancent cette centralisation des données de chaque assuré : appelé « dossier médical personnel », puis « dossier médical partagé », le projet est relancé par l’Assurance maladie, depuis 2022, avec le « Mon espace santé ». Il compte aujourd’hui plus de quinze millions d’utilisateurs.

Lire aussi : Mon espace santé : ce qu’il faut savoir sur le nouveau dossier médical numérique

De son côté, Doctolib souhaite inciter les patients à déposer leurs résultats médicaux, leurs prescriptions, leurs antécédents, leurs traitements, leurs allergies, leur carnet de vaccination sur sa nouvelle application, etc. Cela devrait faciliter la tâche des soignants, des clients de la plateforme, mais aussi d’envoyer des messages de prévention personnalisés.

« L’hébergement de données est un service public »

Une approche compétitive ? La question se pose dans les rangs des médecins, même si Doctolib s’en défend. « Il ne s’agit pas de privatiser le « dossier de santé numérique » ni de créer un autre coffre-fort numérique. Notre logiciel est le premier contributeur de la plateforme publique « Mon espace santé » »souligne le patron du groupe, Stanislas Niox-Chateau, qui rappelle également que l’Etat est l’un de ses premiers actionnaires à travers la Banque publique d’investissement.

Reste à savoir si les patients adopteront la « double approche » consistant à transmettre des informations dans deux espaces numériques. « Nous n’avons pas l’intention de créer des doublons » répond également Jean-Urbain Hubau, le directeur général français de Doctolib, en assurant avoir proposé un « 100 % d’interopérabilité » au Ministère de la Santé.

Du côté de l’Assurance Maladie, on s’interroge encore sur le positionnement de cette offre. « Cela semble très proche de ce que propose « Mon espace santé »note Thomas Fatôme, son directeur général. Nous avons toujours considéré qu’il était utile, pertinent et même nécessaire que les acteurs privés et publics soient impliqués dans une même feuille de route numérique en santé, et c’est ce qui se passe, ce qui est très positif. Mais le lieu de référence en matière d’hébergement des données de santé est le service public, avec « Mon espace santé », c’est un choix du législateur, et il y a une réelle ambiguïté à en proposer un autre. » Le responsable de l’Assurance Maladie exprime son inquiétude et dit attendre une « clarification » de Doctolib, parce que « il ne doit pas y avoir de concurrence ».

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