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Une loi permet aux forces de l’ordre de tirer en toute impunité

Le vote de la loi, qui doit encore être signée par le chef de l’État pour entrer en vigueur, intervient après un incident au cours duquel un soldat polonais a été mortellement poignardé à la frontière avec la Biélorussie.

Les députés polonais ont voté vendredi en faveur d’une loi qui permettrait aux forces de l’ordre d’utiliser des armes en toute impunité en cas de menace pour la sécurité nationale ou pour une personne, notamment à la frontière avec la Biélorussie, où les tensions sont vives. Le Conseil de l’Europe, un organisme paneuropéen de défense des droits de l’homme, et des militants ont exprimé leur inquiétude quant au fait que la police, les gardes-frontières et le personnel militaire puissent désormais agir sans avoir à rendre de comptes.

Le vote de cette loi, qui doit encore être signée par le chef de l’Etat pour entrer en vigueur, intervient après un incident au cours duquel un soldat polonais a été mortellement poignardé à la frontière avec la Biélorussie. La Pologne, membre de l’Otan et de l’Union européenne, accuse la Russie, dont la Biélorussie est un allié, de tenter de faire passer clandestinement des milliers de personnes d’Afrique vers l’Europe en les envoyant de son territoire, où elle les fait voler, vers la frontière polono-biélorusse.

« Encourager l’irresponsabilité »

La nouvelle législation « exclut la responsabilité pénale pour l’usage d’armes ou de la force directe en violation des règles » par les forces de l’ordre en cas de menace pour la sécurité d’un individu ou du pays. Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Michael O’Flaherty, avait exprimé plus tôt ce mois-ci sa crainte que la loi puisse « encourager le manque de responsabilité ».

Elle « pourrait créer un cadre juridique et politique qui dissuaderait les agents de l’État déployés dans les zones frontalières (…) d’agir conformément aux règles de proportionnalité dans l’usage de la force et des armes à feu »L’avocate et militante polonaise Hanna Machinska a souligné vendredi que « la question de la sécurité nationale » ne pouvait pas « ne pas donner carte blanche à des actes qui violent les droits de l’homme ». « Il n’y a aucune justification à l’introduction de règles qui sont un permis de tuer, comme certains l’ont dit. »a-t-elle déclaré sur les ondes de la radio TOK FM.

L’armée polonaise a récemment annoncé qu’elle renforcerait sa présence le long de la frontière avec la Biélorussie en raison « provocations constantes »En juin, un soldat qui patrouillait dans la zone frontalière a été poignardé à travers une clôture métallique de cinq mètres de haut que la Pologne avait érigée en 2022 pour dissuader les migrants de tenter d’entrer sur son territoire. D’autres attaques de soldats polonais ont été officiellement signalées à la frontière.

Eleon Lass

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