Une loi contre les ingérences étrangères définitivement adoptée au Parlement
Le Parlement a définitivement adopté par un dernier grand vote de l’Assemblée nationale une loi visant à renforcer l’arsenal législatif français contre les ingérences étrangères, mercredi 5 juin. Quatre jours avant les élections européennes du 9 juin, le projet de loi Renaissance a été adopté par un dernier grand vote de l’Assemblée nationale. l’Assemblée nationale, avec 138 voix pour et 10 contre.
Le projet de loi entend notamment créer un registre national d’influence, une procédure de gel des avoirs financiers, et renforcer expérimentalement cette lutte par une surveillance algorithmique actuellement réservée à l’antiterrorisme.
« L’adoption de ce texte offre des armes efficaces à nos services de renseignement pour y faire face », a salué dans un communiqué le député de Vienne Sacha Houlié, qui avait lancé ce projet de loi avec Thomas Gassilloud (Rhône, Renaissance) et Constance Le Grip (Hauts-de-Seine, Renaissance), en s’appuyant sur les travaux de la délégation parlementaire au renseignement. . Ce dernier défend des propositions « essentiel et nécessaire tant la réalité et le danger de l’ingérence étrangère dans notre pays sont avérés ».
Elle cite les étoiles de David taguées sur les murs en Ile-de-France, les mains rouges peintes sur le Mémorial de la Shoah, ou encore le « faux cercueils » placé sous la Tour Eiffel. Moscou est soupçonné d’être à l’origine de ces actes de déstabilisation. « Il est crucial de renforcer notre arsenal »a soutenu le ministre délégué au Commerce extérieur, Franck Riester, évoquant une « la démocratie attaquée de l’intérieur et de l’extérieur ».
Le projet de loi a reçu le soutien de la droite, des indépendants du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires et du Rassemblement national (RN), même si le député Kévin Pfeffer (Moselle, RN) a dénoncé un « petite loi (…) très loin des enjeux ». La gauche, en revanche, était divisée. Si les socialistes ont soutenu le texte, le seul membre du groupe écologiste à avoir voté s’est abstenu. Les députés communistes et « rebelles » ont voté contre.
Dispositif de surveillance algorithmique
Ce texte « Non seulement c’est vide et inefficace, mais c’est dangereux. Elle utilise le prétexte de la lutte contre les ingérences étrangères pour réduire encore davantage l’espace des libertés publiques.a critiqué le député Aurélien Saintoul (Hauts-de-Seine, La France insoumise) défendant en vain une motion de rejet.
En ligne de mire : l’élargissement aux cas d’ingérences étrangères, à titre expérimental et pour quatre ans, d’un système de surveillance algorithmique lancé en 2015, destiné à identifier les données de connexion sur Internet. Elle était jusqu’ici limitée au terrorisme, mais les auteurs du texte espèrent qu’elle apportera des résultats plus convaincants contre l’ingérence.
Les opposants à la mesure s’inquiètent du champ d’application fixé par la loi, estimant qu’elle permettra d’utiliser ces algorithmes au-delà de ce domaine. L’association La Quadrature du Net critiquée « une nouvelle étape dans l’escalade sécuritaire ».
La proposition de loi entend également obliger les représentants d’intérêts étrangers qui font du lobbying en France, notamment auprès des élus, à s’inscrire sur un registre national géré par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, sous un régime de sanctions. Il entrerait en vigueur le 1euh Juillet 2025.
Sera affecté « personnes physiques ou morales » qui essaierait de« influencer la décision publique » ou les politiques publiques françaises, par exemple en entrant en contact avec des candidats aux élections présidentielles, législatives, sénatoriales et européennes, des parlementaires, des ministres, certains élus locaux ou encore d’anciens présidents de la République.
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Une partie de la gauche avait réclamé davantage de garde-fous, s’inquiétant des conséquences pour certains journalistes, partis d’opposition étrangers ou organisations non gouvernementales. Les entités étrangères considérées comme sponsors potentiels seraient des entreprises contrôlées par des États, des partis politiques hors Union européenne (UE) ou des puissances étrangères elles-mêmes, toujours hors UE. Le texte prévoit également un gel des avoirs financiers des personnes, entreprises ou entités se livrant à des activités d’ingérence.
Les sénateurs ont également établi une circonstance aggravante pour les crimes et délits commis dans l’intérêt d’une puissance, d’une entreprise ou d’une organisation étrangère. Et a voté pour le recours à des techniques d’enquête particulières (écoutes, localisation, etc.) dans les procédures judiciaires contre ces crimes et délits.