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Une hausse historique du prix de l’or déclenche une ruée vers la vente de bijoux de famille dans les Pyrénées-Orientales

L’or est-il le moment d’investir ? Le plus précieux des métaux n’a jamais autant brillé qu’en 2024, où son prix s’envole de record en record. Le dernier en date, enregistré ce jeudi 1er août au fixing, la Bourse de Londres qui régule le marché mondial du métal jaune 24 carats, a atteint 2 435 € l’once, soit 31 grammes. Soit au moins 73 000 € pour une barre d’un kilo, 428 € pour un Napoléon de 20 francs et 2 600 € pour une pièce de 20 dollars américains. Selon les négociants en or, bijoutiers et autres commerçants des Pyrénées-Orientales, vendre ses bijoux de famille est presque opportun. Pour une belle plus-value, même si les cours devraient encore s’envoler pendant plusieurs mois.

Près de 80 000 euros le kilo d’or, qui peut faire mieux ? La Bourse de Londres, via son incontournable fixing, détermine le prix quotidien du métal précieux dans le monde. Sa cotation est établie par douze géants de la finance internationale qui analysent la demande actuellement de plus en plus forte face à une offre de plus en plus faible. Logique, « C’est cette balance commerciale déséquilibrée qui fait grimper le prix de l’or »note Pierre-Yves Lejeune, un Perpignanais, directeur du Comptoir national de l’Or, installé depuis 20 ans boulevard Clemenceau.

Ses collègues d’Ormajor, les co-associés Michel Amiel et Marjolaine Tanzy, basés rue des 3 journées, raisonnent de la même manière. « Une énorme hausse du prix de l’or était latente, elle a explosé en avril dernier et continue son ascension fulgurante. » Comme Pierre-Yves Lejeune, tous les spécialistes attribuent plusieurs critères à cette expansion, dont un relativement méconnu du public. « L’économie, aujourd’hui basée sur le dollar américain, souffre de la volonté des BRICKS, du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et d’autres pays agrégés qui sont occupés à créer une nouvelle monnaie pour contrer le billet vert »« C’est pourquoi l’or est à nouveau la valeur refuge idéale », affirme le trader catalan. « En cas d’inflation ou de récession, elle contrebalance les faiblesses de l’économie mondiale. »

Les clients se précipitent vers le refuge

« Entre la guerre en Ukraine, le conflit en Israël et l’élection présidentielle américaine si Trump gagne, la situation va durer »rassure le patron du Comptoir national de l’Or. A l’horizon, il ne voit rien qui justifierait la baisse des prix. Ses clients, d’ailleurs, se bousculent. « Les gens viennent me voir avec des contrats d’assurance-vie qui ne leur rapportent rien. Ils se retrouvent avec de l’argent liquide sur leur compte en banque, un capital dont ils ne savent pas quoi faire. »il rebondit en conseillant d’investir dans des lingots. A revendre selon le montant des budgets alloués à l’achat d’une voiture, d’une maison… D’autres, moins chanceux, arrivent avec la bague de la grand-tante, un souvenir dont ils se séparent pour arrondir leurs fins de mois. Pierre-Yves Lejeune rachète aussi les héritages. « Je ne suis pas seulement un marchand d’or, j’ai un rôle de conseil »affirme le professionnel qui accueille tout type de clientèle, du jeune chômeur au gros investisseur prêt à débourser 700 000 à 800 000 € en lingots.

Dans le métier depuis 35 ans, Michel Amiel ne constate aucun changement dans son tiroir-caisse. Sa différence, outre le fait qu’il revend des bijoux d’occasion et n’envoie pas tout au melting-pot comme son confrère, se traduit par un changement de mode de consommation. Il fait face aux héritages, aux divorces, et aussi à cette tendance qui préfère la fantaisie aux bijoux de famille. Pour lui « Rares sont ceux qui renoncent à l’or pour vivre. Sauf ceux qui arrivent avec les dents de leur mère ou de leur grand-mère, et encore. » À travers la loupe, Michel Amiel les trie, garde les belles pièces pour sa vitrine, quelques pièces pour son fils Max, joaillier et créateur à Perpignan, et fait fondre le reste, environ 800 grammes d’or par mois. Le prix du métal et ses tarifs, commission comprise, sont affichés quotidiennement sur un tableau blanc. Ce jeudi de fin juillet, il estime entre 37 et 42 euros le gramme pour 18 carats.

Les joailliers lancent du 9 carats à moitié prix

Dans le centre-ville de Perpignan, les bijoutiers font la moue. La hausse a forcément un impact sur les prix des devantures. « La matière première représente la moitié du prix d’un bijou, donc dès que le cours augmente, il faut changer les étiquettes. Tous les jours, c’est impossible. »rejette Gilles Desaphy, propriétaire de la boutique Gil et Jean.De temps en tempsil conçoit, nous sommes obligés de réajuster nos prix en sacrifiant nos marges. Mais jusqu’à quand ? demande l’artisan joaillier qui propose désormais des pièces d’entrée de gamme en 9 carats, 50% moins chères. « Le prix de l’or étant passé de 50 000 € il y a six mois à plus de 73 000 € aujourd’hui, les acheteurs y réfléchissent à deux fois. » Industriel, intéressé par le vieil or qu’il recycle dans les grenats de Perpignan, Gilles Desaphy n’imagine pas un retour immédiat au passé. « Pour que le prix de l’or baisse, il faudrait que tout se passe bien dans le meilleur des mondes »lui confie Pierre-Yves Lejeune, commerçant à ses heures.

Comment tester l’or et évaluer les carats ?

Assis derrière son comptoir, Michel Amiel fait une démonstration. « Je prends une pierre de touche, synthétique, et je frotte le bijou dessus. Voyez la trace »Il pointe du doigt. Avec trois acides à sa disposition, un pour le 18 carats, un pour le 14 carats et un pour le 9 carats, Michel dépose quelques gouttes du produit sur les rayures. Si la tache persiste, c’est du 18 carats. Si elle s’estompe, il essaiera le révélateur 14 carats, puis le 9 carats. Et quand ça ne correspond plus du tout ? « C’est plaqué or », sourit le marchand qui éteint alors le ventilateur, manière de rendre la balance immobile, et pèse les objets. « Je multiplie enfin le poids par le prix au gramme du jour, par exemple aujourd’hui je l’achète à 45 euros le gramme », et affaire conclue. Après avoir obligatoirement demandé au client une pièce d’identité, Michel Amiel prend possession du bijou contre règlement par chèque ou virement. « Je ne peux pas donner d’argent liquide, c’est la loi »prévient-il, regrettant que les personnes réellement dans le besoin ne puissent pas percevoir leur dû en espèces. Pour manger.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.

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