une grève « exceptionnelle » pour une augmentation des salaires
Lecteurs de Ouest de la France ont trouvé leur boîte aux lettres vide ce vendredi 21 juin. Pour cause, un appel général à la grève a été lancé à la suite d’une réunion de négociation tenue le 18 juin entre la direction et l’intersyndicale du groupe. Au total, près de 300 salariés, parmi lesquels des journalistes, des secrétaires et des employés d’imprimeries, se sont mobilisés et réclament une augmentation générale des salaires.
« C’est une mobilisation exceptionnelle »décrypte Christelle Guibert, journaliste à Ouest de la France et représentant du Syndicat National des Journalistes (SNJ). Pour cause, cette grève a été décidée dans la précipitation, même si les syndicats réclament depuis plusieurs mois une augmentation des salaires. Il y a trois semaines, «nous avons porté nos revendications auprès du directoire pour un plan de rattrapage de l’inflation»se souvient Christelle Guibert.
Selon l’intersyndicale, près de 40 % des salaires des salariés du groupe n’ont pas été augmentés depuis douze ans. Et pourtant en même temps, « Ceux des dix plus hauts cadres de Ouest France ont augmenté d’environ 12% »précise le journaliste.
Des négociations « humiliantes »
Pour résoudre le conflit, la direction a proposé une enveloppe de 50 000 € à partager entre tous les salariés n’ayant pas reçu d’augmentation ces dernières années, une autre de 100 000 € pour combler les disparités salariales entre femmes et hommes. , ainsi qu’un engagement en faveur d’une augmentation générale des salaires une fois le résultat opérationnel équilibré.
Des propositions « brutales et humiliantes », selon l’intersyndicale, qui « ne tiennent pas compte de l’inflation à 19% qui fait que de nombreux journalistes ont du mal à se loger dans les grandes localités du titre, comme Nantes ou Rennes. » Un argument auquel la direction oppose l’augmentation du salaire moyen des salariés de 10 % depuis 2020. Avant d’ajouter que les revendications salariales demandées risquent de dégrader le résultat opérationnel de 3 millions d’euros supplémentaires.
Mais le délégué du SNJ pointe aussi un paradoxe. « On nous répète à plusieurs reprises que Ouest de la France n’a plus d’argent. Mais en même temps, nous sommes informés de la demande du groupe pour obtenir une fréquence TNTsouffle Christelle Guibert. Un projet qui coûtera 70 millions d’euros et qui n’est pas dans l’essence même du titre. » Elle soutient que le papier constitue 80 % des revenus quotidiens et qu’il assure l’ancrage fort du journal dans les territoires qu’il couvre.
Une assemblée générale doit se tenir vendredi après-midi pour décider du sort de la grève dans les rédactions. Dans la soirée, une deuxième assemblée générale se tiendra, cette fois avec les personnels des deux imprimeries quotidiennes. Même si un journal numérique réduit est proposé aux lecteurs de Ouest de la FranceChristelle Guibert estime que« A priori, il n’y aura pas non plus de journal papier pour demain ».