La justice israélienne a révélé dimanche 3 novembre que l’entourage de Benyamin Netanyahou était impliqué dans une grave affaire de fuite et d’utilisation de documents top secrets à des fins politiques. Une enquête menée par le Shin Bet, la police et l’armée israélienne depuis le 8 septembre a abouti, le 1er novembre, à l’arrestation de quatre collaborateurs du premier ministre, dont Eliezer Feldstein, ancien porte-parole, seul suspect. dont l’identité a été révélée. Il aurait extrait des informations secrètes de l’armée israélienne et les aurait divulguées à la presse, « mettant en danger la sécurité nationale et les sources de renseignement »selon le juge Menachem Mizrahi du tribunal de première instance de Rishon Lezion.
Les faits remontent à début septembre. Six otages israéliens viennent d’être tués à Gaza et Benjamin Netanyahu fait face le 1er septembre à des manifestations sans précédent. Il est accusé d’avoir abandonné les otages alors que les négociations autour d’un accord de libération patinent.
Le 4 septembre, le Premier ministre convoque la presse étrangère. Objectif : expliquer qu’il faut maintenir les forces israéliennes dans le couloir de Philadelphie, frontalier avec l’Egypte, même au prix de l’échec d’un accord sur les otages. Argument : si l’armée israélienne ne contrôle pas la zone, le Hamas pourrait « facilitez passer clandestinement des otages… dans le désert du Sinaï »et de là, vers « L’Iran ou… le Yémen ».
« 100% mensonges »
Dans les deux jours qui suivirent, les médias britanniques Chronique juive et le tabloïd allemand Image donner vie à cet argument. «Le plan secret de(Yahya) Sinwar faire entrer clandestinement des otages en Iran »titre le journal britannique le 5 septembre, citant des documents qui auraient été saisis par l’armée israélienne le 29 août à Rafah. Image publie pour sa part un « document exclusif »présenté comme trouvé sur l’ordinateur ou approuvé par Yahya Sinwar, chef du Hamas, qui explique la stratégie du groupe consistant à utiliser les otages comme pression psychologique et à retarder un cessez-le-feu.
Sources militaires citées par le quotidien israélien Yediot Aharonot dénoncer aujourd’hui « fabrications sauvages »de la « 100% mensonges »et fustiger un « campagne pour influencer l’opinion israélienne en faveur de Netanyahu ». Si les fuites sont monnaie courante dans le système politico-médiatique israélien, celle-ci est grave. L’arrestation du porte-parole du Premier ministre ramène cela dans l’entourage de ce dernier.
« L’enquête doit vérifier si c’était sur son ordre ou non : si Netanyahu le savait, il est complice de l’une des infractions à la sécurité les plus graves prévues par la loi. » accuse Yaïr Lapid, le chef de l’opposition.
En fait, Eliezer Feldstein ne disposait pas de l’habilitation de sécurité nécessaire pour accéder à ces documents. « Il existe ici un système dans lequel un nombre limité de personnes décident de faire ce qu’elles veulent avec des documents top secrets. » le résume Yediot Aharonot.
Le Cabinet du Premier ministre prend ses distances avec la fuite, et affirme en avoir été informé par les médias. « Cette affaire ne fera probablement pas tomber Netanyahu »note Anshel Pfeffer, journaliste et biographe du leader du Likoud, sur X : « L’enquête risque d’être lente et peu concluante. Mais cela constituera une preuve supplémentaire qu’il est concentré sur sa guerre personnelle de survie politique. »