une famille coincée par l’eau, deux personnes évacuées par avion
Par
Carine Robinault
Publié le
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Le bilan aurait pu être bien plus lourd. Dans la nuit du mercredi 9 octobre au jeudi 10 octobre 2024, neuf membres dela même famille se sont retrouvés piégé dans leur maison, à Frazé (Eure-et-Loir), entourée d’eau après les précipitations incessantes provoquées par le passage de la tempête Kirk.
Pompiers plongeurs est intervenu. Deux personnes ont dû être treuillé.
« Cela me fait mal au cœur de voir ma maison cet été-là. » Claudine, 33 ans, est quelque peu déçue ce vendredi.
Un lieu où vivre en famille : « à 21h16, on avait les chevilles dans l’eau »
Il y a deux ans, avec David, son mari de trois ans son aîné, ils ont acquis le Moulin d’Ézanville. Deux ans de travail acharné pour en faire un lieu intergénérationnel.
« Nous sommes originaires de région parisienne et nous avons choisi de venir vivre ici avec nos deux enfants (aujourd’hui âgés de 4 et 6 ans, ndlr) mais aussi mes parents et ma grand-mère, ainsi que mes belles-filles. parents. »
Trois maisons distinctes, entièrement restaurées, qui ont déjà été le théâtre d’importantes inondations. « Mais jusque-là, l’eau n’avait pas pénétré dans les maisons ! »
Mercredi soir, il était 21h16 lorsque le couple s’est rendu compte qu’ils avaient les chevilles dans l’eau, dans la salle à manger de leur domicile. « J’étais en échange avec mes collègues donc j’ai l’heure exacte », se souvient Claudine. « Vingt minutes plus tard, on apercevait de l’eau derrière les baies vitrées, et un fort courant. » La Foussarde, qui passe devant leur maison, s’est levée. « Et l’eau de pluie de l’autoroute est arrivée aussi ! » »
« Le courant m’entraînait vers la rivière, j’aurais pu être emporté et noyé »
David décide d’aller prévenir ses parents, de l’autre côté de la cour, et surtout de les rapatrier. « Leur maison est de plain-pied », constate son épouse. Impossible, le courant est trop fort. « Le courant de l’eau m’entraînait vers la rivière, j’aurais pu être emporté et noyé. » Il se retourne.
Les secours ont déjà été prévenus. Après plusieurs appels, compte tenu de l’urgence de la situation, ils ont décidé d’intervenir. « Nous avions de l’eau jusque-là ! » mime la mère à hauteur de poitrine.
« Quand j’ai vu l’eau couler, je me suis dit ‘c’est foutu' »
« On met nos enfants sur le dos pour monter à l’étage ! » En attendant les pompiers. « Quand j’ai vu le courant, l’écoulement de l’eau, je me suis dit, c’est foutu ! »
Le camion rouge apparaît à la fenêtre du couple. Mais la route est désormais submergée. « Une vraie cascade, elle a emporté le mur d’enceinte ! »
David rapporte : « les pompiers n’ont rien pu faire. Ils ont décidé d’appeler une équipe de plongeurs pour venir en bateau. Mais il y avait beaucoup de courant ! Finalement, nous sommes passés par la petite fenêtre de la chambre, d’abord les enfants, puis ma femme et enfin moi, avec des gilets de sauvetage. »
Un Paris Dragon pour hisser François et sa femme, 87 et 72 ans
Mais la manœuvre est trop dangereuse pour aider ainsi les parents de David. L’hélicoptère est la seule solution. Un Dragon arrive de Paris, vers 4 heures du matin environ. Il fait noir. Le vent s’est levé. Il faudra tenter à plusieurs reprises d’extirper François-Jean, 87 ans, de sa maison.
« J’ai dû grimper sur la fenêtre, seul, à 1,40 mètre du sol. Les plongeurs m’ont mis une sangle. Et puis ils m’ont dit ‘on tient le coup, on va sauter’. J’ai entendu la rivière rugir, j’ai vu l’eau passer à grande vitesse et s’écraser sur la maison de mes enfants ! » rapporte le grand-père. Comme demandé, il saute.
« On a basculé, on est retombé à l’eau, puis on a heurté la maison »
Un autre plongeur est descendu avec la ligne pour venir me chercher. Après trois ou quatre tentatives pour l’attraper, ils m’ont accroché. On a basculé, on est retombé à l’eau. Et puis, j’ai pris la maison, sur ma gauche.
Il a toujours un bleu sur la joue. Il sera bientôt reposé sain et sauf, au bord de la route, avant que ne commence le sauvetage de son épouse, 72 ans. « Heureusement, le vent était tombé ! »
Tous deux seront transportés à l’hôpital de Nogent-le-Rotrou, en état d’hypothermie.
Solidarité : « pompiers, maire, Préfet, nous remercions toute la chaîne ! »
Quant aux parents de Claudine, ils seront contraints de rester sur place.
L’hélicoptère était à court de carburant. Alors ils sont restés à l’étage. Mais les pompiers les appelaient tout le temps, ils restaient sur place, tout comme le maire, qui était là toute la nuit, et même depuis, à nos côtés. Les pompiers, qui ont pris des risques et ont fait un excellent travail, ont attendu la première récession et vers 7h15, sont allés chercher mes parents.
François-Jean insiste : « nous remercions vraiment toute la chaîne ! » Brigitte Pistre, maire, a trouvé un logement pour loger la famille, en attendant la visite de leur expert mardi.
« Elle s’est également occupée de placer nos trois chiens en refuge. On se rend compte que dans les communes, il y a une vraie solidarité», rapporte Claudine.
« Ça va être long, douloureux, mais ce n’est que matériel »
Amorphe, au clair de lune, et avec le sentiment de « tourner en rond », la famille Tabone-Resolu est pourtant saine et sauve. Même si Claudine culpabilise d’avoir, d’une manière ou d’une autre, entraîné ses proches dans ce pétrin. La famille se retrouve également sans véhicule, pour le moment. Difficile de se rendre au travail, d’emmener les enfants à l’école. Qui sont, pour le moment, traumatisés. « Ma fille a des comportements qu’elle n’avait pas. »
Mais Charlène, son aînée, est là pour rassurer : « Il aurait pu y avoir des dégâts humains. Là, ça va être long, douloureux, mais ce n’est que matériel. »
Pendant que David appelle les assureurs, la famille garde le moral, voyant même le spa flotter dans la rivière, les vieux sapins couchés, l’intérieur des maisons ravagé, etc. « Ce sont nos origines tahitiennes », explique Charlène. , avec un grand sourire.
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