Bourse Entreprise

Une entreprise offre dix jours de « congés malheureux » à ses salariés

Certains matins, même quand on aime son travail, il est très difficile de se lever du lit et de commencer sa journée. Il n’est pas nécessaire d’avoir un passé dépressif pour ressentir ce genre de sensation, qui peut s’expliquer par une fatigue excessive ou une accumulation de mauvaises nouvelles – et qui peut aussi arriver sans avertissement ni raison apparente.

Idéalement, vous devriez avoir la possibilité d’annuler votre journée de travail et de prendre immédiatement soin de vous, soit en vous recoucheant, soit en vous offrant des moments agréables qui pourraient éventuellement effacer cet inconfort passager – s’il est finalement durable, il sera probablement Il sera alors nécessaire d’envisager d’autres options, comme consulter un psychologue ou démissionner. Mais rien n’est prévu dans le code du travail en ce sens.

Les choses pourraient-elles changer dans les années à venir ? Peut-être, surtout si le monde décide de suivre l’exemple de la chaîne de supermarchés Pang Dong Lai, située dans la province chinoise du Henan. The Independent explique que son patron, Yu Donglai, a mis en place un système permettant à ses salariés de prendre jusqu’à dix jours de congés par an, destinés aux moments où ils ne se sentent pas heureux.

Sortie 996

«Je veux que chaque membre du staff ait la liberté»déclare le chef d’entreprise, qui développe sa pensée avec un naturel désarmant : « Nous avons tous des moments où nous ne sommes pas heureux et donc si vous n’êtes pas heureux, ne venez pas travailler. » Yu Donglai ajoute également que les chefs d’équipe n’ont pas le droit de refuser les demandes de « congés malheureux » formulées par les salariés. La règle est claire, simple, absolument simple : elle aide les travailleurs à se sentir mieux et à rentrer de meilleure humeur – ce qui est également bénéfique pour la société elle-même.

Il est assez surprenant que ce type d’initiative nous vienne de Chine, pays dont le monde du travail est souvent résumé par le nombre 996. Celui-ci désigne un système dans lequel de nombreuses entreprises obligent leurs salariés à travailler de 9h à 21h, 6 jours sur 7, même si cette pratique est illégale. L’initiative de la chaîne Pang Dong Lai doit donc être accueillie avec d’autant plus d’enthousiasme.

Les entreprises en France et en Navarre feraient bien de travailler sur des modèles similaires, car de plus en plus de jeunes prennent des congés pour s’occuper de leur santé mentale : l’année dernière en Grande-Bretagne, 66 % des salariés âgés de 16 à 25 ans ont pris un congé à cette fin. Pour le bien-être de tous, autant arrêter de se mettre des œillères et se laisser des jours pour essayer d’aller mieux.

L’idée du « congé malheureux » est de permettre aux salariés de s’absenter en cas de besoin sans avoir à entrer dans les détails lorsqu’ils en font la demande à leur manager. Il ne s’agit pas de croire que cette initiative va tout résoudre et que le moral des travailleurs va forcément s’améliorer en un clin d’œil ; d’autre part, la mesure contribuerait à lever les tabous autour des problèmes de santé mentale, puisqu’elle aiderait chaque individu à ne plus taire son éventuel mal-être.

Il faudrait bien sûr trouver un nom moins direct que « congé malheureux », terme très parlant mais sans doute beaucoup trop sombre. Pourquoi ne pas l’appeler « congé pour santé mentale », suggère The Independent, ou utiliser une expression plus douce comme « down day », en référence au fait que parfois, quand la tête n’y est pas, rester au lit toute la matinée – voire plus – peut aider à sortir du marasme.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page