Une enquête qui fait froid dans le dos : près d’un Bruxellois sur quatre exprime son antipathie à l’égard des Juifs

Au niveau national, 14% des Belges ressentent et affichent de l’antipathie à l’égard de la communauté juive. A titre de comparaison, 32% des sondés expriment de l’antipathie envers les musulmans, 29% envers les Roms, 22% envers les Turcs, etc. A l’inverse, un sondé sur quatre déclare éprouver de la sympathie pour la communauté juive, 19% pour la communauté musulmane.

Ce rejet de la communauté juive est bien plus marqué en Belgique qu’en France, qui a fait l’objet de la même enquête et où 6% des sondés expriment de l’antipathie envers les juifs.

« Ces marqueurs de l’antisémitisme primaire sont répandus dans toutes les composantes de la société belge et surreprésentés à l’extrême gauche, à l’extrême droite et parmi les musulmans », analyse l’Institut Jonathans. Qui note également « un manque général de sensibilisation au judaïsme et à l’antisémitisme en Belgique. »

De plus en plus de Juifs envisagent de quitter la Belgique suite à des menaces antisémites : « Une situation sans précédent »

60% des musulmans interrogés pensent que « Les Juifs font aux Palestiniens ce que les Allemands leur font »

Parmi d’autres éléments saillants du rejet de la communauté juive par une bonne partie de la population belge et plus encore à Bruxelles, un répondant sur cinq (et un musulman sur trois) pense que « Les Juifs sont responsables de la mort du Christ » ; 28% (la moitié des sondés d’extrême droite et 43% des sondés musulmans) pensent que «Les Juifs ne sont pas vraiment des gens comme les autres » ; 38% (près d’un musulman sur deux) pensent que «Les juifs sont trop présents dans la finance”, etc. ; près d’un sondé sur 4 (39% parmi les musulmans et l’extrême droite) pense que «les Juifs forment une race qui ne veut pas s’assimiler en Belgique ».

L’enquête s’est également penchée sur la perception des Belges de la guerre entre Israël et le Hamas. Ici, plus d’un tiers (35 %) des personnes interrogées pensent que « Les Juifs font aux Palestiniens ce que les Allemands leur font. C’est ce que pensent 60% des musulmans, dont la moitié à l’extrême gauche et 47% à Bruxelles.»

Cette enquête peut être lue dans un contexte international très tendu depuis le 7 octobre. Les positions des partis sur la guerre entre Israël et le Hamas auront «une certaine importance » pour 22% des votants lorsqu’ils ont voté ce dimanche. Tandis que 11% des Bruxellois déclarent avoir de la sympathie pour le Hamas.

« J’ai retiré mon nom de la porte de mon appartement à Bruxelles. Face à l’antisémitisme, je dois être réaliste, les gens sont fous”

Fouad Ahidar et Nadia El Yousfi visés par une plainte pour antisémitisme

Joël Kotek, historien et président de l’Institut Jonathas, constate, à partir des résultats de l’enquête, que «depuis la Shoah, les gens n’osent plus se qualifier d’antisémites, mais si on les interroge sur les préjugés antisémites, on se rend compte que les marqueurs sont très élevés ». Selon lui, « Proportionnellement à leur nombre, les Juifs constituent les premières victimes des violences racistes en Belgique. Je parle de violence symbolique et physique, pas de discrimination.» Il réclame « mettre fin à la politique du déni ».

On apprenait également, hier encore, que plusieurs organisations juives avaient porté plainte contre deux élus bruxellois en février dernier. Tous deux sont candidats aux élections régionales de dimanche à Bruxelles. Fouad Ahidar (Team Ahidar, ex-Vooruit) sont visés pour avoir qualifié les juifs de « psychopathes » et de « terroristes » le 5 novembre et la socialiste Nadia El Yousfi (PS) qui a déclaré au Sénat, à l’occasion de l’audition du L’ambassadeur israélien, les rabbins d’Israël ont appelé au viol des femmes palestiniennes.