Les images, largement relayées en ligne, montrent une séquence où un policier frappe un homme au sol avec un tonfa suite à une intervention dans un point de deal, mardi à Vénissieux.
Le Figaro Lyon
Forte émotion à Vénissieux ce mercredi matin. Elus et dirigeants associatifs relayent largement la vidéo d’une interpellation musclée menée mardi soir par une brigade de la police nationale. Les images montrent un agent délivrant une violente volée de coups de tonfa à un individu au sol. Ce dernier, le fils du gérant d’un bureau de tabac réputé de l’avenue Ambroise Croizat, a dû être transporté à l’hôpital et est en garde à vue pour outrage et rébellion selon nos informations. Le parquet de Lyon a confirmé Figaro avoir ouvert une enquête pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique. Le député LFI de circonscription, Idir Boumertit, a déclaré avoir procédé à une saisie auprès du procureur de la République, sur le fondement de l’article 40, dont ce dernier n’avait aucune trace ce mercredi midi.
Il était un peu plus de 19 heures ce mardi soir lorsqu’une patrouille de la Brigade Spécialisée de Terrain (BST), unité spécialisée dans les actions de terrain dans les secteurs sensibles, circulait à l’angle du boulevard Croizat et de l’avenue Jacques. Duclos. Le lieu est connu comme un point de deal enkysté, situé à 200 mètres à peine du commissariat et de la mairie. Plusieurs sources policières indiquent que les policiers ont ensuite été agressés et lapidés. En sortant de leur véhicule, ils auraient été insultés et menacés de mort par une quinzaine d’individus belligérants. Une situation particulièrement tendue dont ils se sont sortis en faisant un usage important de gaz lacrymogènes.
Le fils du gérant du bureau de tabac est alors intervenu, reprochant aux policiers l’usage du gaz, comme le raconte son père. « Il y a des personnes âgées, des clients, tous étaient dans le nuage de gaz lacrymogène », argumente encore Mokrane Kessi, militant associatif de base et président de l’association France banlieues. Une source sécuritaire indique que les fauteurs de troubles se sont réfugiés dans le bureau de tabac, où les policiers ont tenté d’arrêter le fils du gérant pour outrage et rébellion, dans des circonstances qui restent à élucider.
Taser et matraque télescopique
Dans les images diffusées en ligne, on peut entendre le bruit d’un pistolet à impulsions électriques. Le reste de la scène a été capturé dans une deuxième vidéo, tournée à l’extérieur de l’entreprise. Un agent utilise son tonfa à de nombreuses reprises sur un homme au sol. En passant, il passe un tissu sur le bas de son visage, comme pour le cacher. « Ce n’est pas évident sur les images mais ça (l’homme arrêté, NDLR) se bat avec un autre policier qui tente de l’arrêter et lui donne des coups de pied »garantit une source sécurisée. L’utilisation du bâton télescopique lui permet de garder une certaine distance.
« L’enquête ne fait que commencer et il faut respecter la présomption d’innocence des policiers qui sont là pour faire leur travail dans un quartier très sensible et en proie au trafic de drogue., insiste Alain Barberis, secrétaire départemental du syndicat Alliance. Agents « bien connu »opposent plusieurs sources sur place. « Ce sont des cowboys »» affirme Farid Ben Moussa, élu centriste de l’opposition. « Hyperviolent »» acquiesce Mokrane Kessi. « Pour moi, c’est une erreur »reprend le premier, en assurant que le gérant du bureau de tabac a « toujours dénoncé » la présence de revendeurs.
Une confrontation devrait avoir lieu entre la police et la personne arrêtée à sa sortie de l’hôpital. L’enquête ouverte par le parquet pourrait déboucher sur une saisine de l’IGPN afin d’établir si le recours à la force était proportionné et légitime. Pour l’heure, les proches de la famille gérant le bureau de tabac envisagent d’organiser un grand rassemblement devant le commissariat en fin d’après-midi.