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« Une énorme claque », déplorent les sabreurs français, inconsolables.

Emmenées par Manon Apithy-Brunet et Sara Balzer, respectivement championne et vice-championne olympiques, les Bleues, grandes favorites de l’équipe, sont tombées de très haut en terminant au pied du podium.

La championne olympique Manon Apithy-Brunet pleure dans les bras de ses proches. « C’est très difficile »murmure-t-elle entre deux sanglots. Sarah Noutcha, la remplaçante entrée en demi-finale, a disparu. Déjà, sur la piste, à l’issue de la finale pour le bronze, la benjamine des sabreuses françaises avait voulu s’éclipser aussitôt. Se sentant responsable de l’échec de son équipe (deux relais perdus sur trois, dont un implacable 0-6 qui avait permis aux Japonaises de prendre le large et finalement de l’emporter 45 à 40). Les entraîneurs l’avaient retenue. N’empêchant pas ses larmes de couler abondamment. La tristesse de Sara Balzer, la vice-championne olympique, se lisait dans ses yeux. Tout comme Cécilia Berder, hésitante entre larmes et colère après ce qui était peut-être la dernière compétition de sa longue carrière.

Holder, le membre le plus âgé de l’équipe (34 ans) et 9et Championne du monde, elle a été écartée de l’équipe après un seul relais en demi-finale. A-t-elle compris cette décision ? Après une brève hésitation, la réponse tombe. Courte, sèche. « Et bien non… » « J’ai rêvé de pouvoir m’exprimer en finale, j’ai rêvé d’une médaille et non. Je vais pouvoir continuer à en rêver dans mon lit… Je ne sais plus où j’en suis. Il va vraiment me falloir du temps pour digérer, pour retrouver mes baskets. J’ai été désigné pour le contrôle antidopage alors que je n’ai même pas tiré… »


« Nous avons perdu ensemble, nous avons tout fait ensemble »

Manon Apithy-Brunet

Les idées bouillonnent. La frustration déborde. La performance de sa remplaçante explique sans doute le ressentiment. A Sarah Noutcha « très marqué, très touchéconfirme Matthieu Gourdain, le manager national des sabreurs. C’est une personnalité très attachante qui donne toujours tout ce qu’elle a. Et maintenant, elle a l’impression d’avoir échoué par rapport aux autres. C’est extrêmement douloureux pour elle… Son amie et coéquipière de Strasbourg lui est venue en aide ; « Je suis très fier d’elleassure Sara Balzer. Arriver en demi-finale des JO en plein match, c’est très difficile. Je lui ai dit que si j’avais été à sa place, elle ne m’en aurait pas tenu rigueur. Et que nous ne lui en tiendrions jamais rigueur. J’imagine la douleur qu’elle doit ressentir, mais nous sommes avec elle, nous la soutenons. « Nous avons perdu ensemble, nous avons tout fait ensemble »ajoute Manon Apithy-Brunet.

Déception, désillusion, échec. Les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier cette quatrième place des sabreurs. En argent aux JO de Tokyo, au pied du podium trois ans plus tard, brisant leur statut de grands favoris destinés à l’or. Les explications seront pour plus tard. Mais des bribes de justification émergent. Le coup de massue de la large défaite en demi-finale (36-45 contre la Corée du Sud) ? « On avait l’impression d’avoir avalé la pilule. Il y avait encore du travail à faire, confie Matthieu Gourdain. Mais ils ont raté le coche en termes d’intensité. »

Un relâchement, voire un excès de confiance après l’or et l’argent remportés individuellement, renforçant un peu plus leur statut de prétendants à l’or ? « Ces deux médailles ont peut-être effectivement eu un impact négatif. On n’a pas vu Manon et Sarah voler comme elles l’ont fait individuellement. Il y a certainement quelque chose à chercher là-dedans… Il aura un peu de temps pour mesurer l’impact. Manon, première championne olympique française de sabre, une finale très suivie puis très recherchée. Sara très contente d’être médaillée d’argent mais un peu déçue quand même. Cela a dû provoquer un tourbillon dans les têtes. Cela pourrait expliquer la difficulté de switcher… »reconnaît le maître d’armes.


 » Cela fait maintenant quatre ans que nous sommes en finale de tous les championnats. Quatrième, c’est une première. Et c’est dommage que ce soit ici. »

Sara Balzer

Un statut difficile à gérer ? Cécilia Berder pensait le danger contenu. « On a pris le temps vendredi d’en discuter entre nous, de se regarder dans les yeux et de se demander « qu’est-ce qu’on veut faire ? » On savait qu’on était attendu à la performance, que tout le monde nous voyait déjà comme des champions olympiques. Mais, en demi-finale et en petite finale, on a eu les mêmes soucis : un manque de relâchement, d’intentions très claires. »

Une analyse confirmée par Sara Balzer. « On n’a pas réussi à se dégager. On voulait trop bien faire et on n’a pas fait notre meilleure escrime, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est une énorme claque. On était vraiment venues pour aller chercher l’or par équipes. Le contrat n’a pas été rempli. On termine sur un échec et c’est très très dur. On est en finale de tous les championnats depuis quatre ans. Quatrième, c’est une première. Et c’est dommage que ce soit ici. » Les yeux encore rouges à cause des armes, poursuit Manon Apithy-Brunet. « On savait que ce serait difficile. Mais rien n’y fait. On a su accepter la première défaite, on est revenu pour se battre à nouveau. Et perdre à nouveau, c’est vraiment dur. On est très tristes ce soir… » Au point de ne pas envisager la suite un jour heureux. « Nous avions prévu de faire la fête et de nous amuser une fois le tournoi terminé, mais maintenant, il va nous falloir un peu de temps pour digérer… »

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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