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Une « déclaration des droits de la Loire » en préparation de la Touraine à l’Atlantique

Une « déclaration des droits de la Loire » en préparation de la Touraine à l’Atlantique

Un collectif sera reçu en juin à l’Assemblée nationale pour discuter de la possibilité de donner au fleuve une personnalité juridique. Une démarche qui pourrait contribuer à mieux protéger le plus long fleuve de France.

Le Figaro Nantes

Sarabande nocturne sur les bords de Loire. Une animation particulière a animé les quais de Tours le week-end du 24 au 26 mai. Pour sa vingtième édition, la guinguette locale a accueilli un festival « Peuples de Loire » ponctué de capsules musicales, de déclamations poétiques, de baptêmes de Loire et d’un rite de feu. Plus de 2 000 personnes ont fait le déplacement, dont le maire de Tours, Emmanuel Denis (Les Écologues). Un succès qui a fait sourire les membres du collectif Vers un Parlement de Loire, associé à l’événement. Après deux ans d’efforts, leur mission de sensibilisation au plus long fleuve de France commence à porter ses fruits. Cette reconnaissance s’épanouit jusqu’en Loire-Atlantique. Et, le 12 juin, leur projet fluvial débordera sous les dorures de l’Assemblée nationale, où sera évoqué le prochain horizon du collectif : la rédaction d’une déclaration des droits de la Loire.

« C’est une grande étape pour notre démarche citoyenne, humaniste et apolitique en faveur du fleuve »se réjouit pour Le Figaro Ninon Bardet, géographe et coordinatrice du collectif Vers un parlement de Loire. En gestation depuis plusieurs mois, le projet de déclaration des droits devrait être formellement lancé à l’issue de la réunion de travail prévue à Paris, entre le collectif et un groupe de députés. « Nous envisageons de le co-écrire avec des élus et des avocats, notamment en dialogue avec les agences de l’eau. Cela devrait nous occuper jusqu’au printemps 2025. »explique Ninon Bardet.

Un projet fluvial

Le document, qui aspire à préserver et défendre les intérêts du fleuve et de son écosystème en lui accordant la personnalité juridique, devrait s’inspirer de la déclaration universelle des droits des rivières. Le texte devrait également reprendre l’esprit du manifeste de la Loire porté par le collectif. « Nos vies dépendent du fleuve » précise l’introduction de ce manifeste, publié en juin 2023, et qui alerte sur l’érosion, la pollution et le déclin général du cours d’eau depuis le siècle précédent. Le texte appelle à défendre « les équilibres de la Loire » contre son rétrécissement imputable aux activités humaines et aux bouleversements climatiques.

Vue du lit asséché de la Loire, sous le pont d’Ancenis (Loire-Atlantique), le 11 août 2020.
Sébastien SALOM-GOMIS / AFP

Formé en 2022 autour de plusieurs structures culturelles et scientifiques tourangeoises, le collectif espère se transformer prochainement en une association à part entière, afin de mieux défendre la Loire et proposer de nouvelles façons de cohabiter avec le fleuve. « L’idée du parlement de la Loire est une fiction juridique, mais la démarche que nous suivons est issue des assemblées de la Loire, une série de réunions publiques sur le thème du fleuve qui se sont tenues à Tours en 2019-2021. Ces échanges ont donné lieu à un ouvrage collectif coordonné par l’écrivain Camille de Tolède : La rivière qui voulait écrire« , dit Ninon Bardet.

Depuis, la cause a progressé. Plus de 1 100 personnes ont signé le manifeste de la Loire. Plusieurs élus ont souscrit individuellement ; d’autres ont engagé leurs communautés. C’est le cas de la ville de Tours depuis l’année dernière. Et, plus récemment, de la ville d’Ancenis. Son maire, Rémy Orhon (DVG) a signé le manifeste le 6 mai, en présence des représentants du Conservatoire régional des espaces naturels, de Nantes Métropole et des Voies navigables de France. « Cela nous a semblé être une bonne manière de traduire notre changement de paradigme par rapport au fleuve et à la question de l’eau, de réaffirmer notre attachement à la Loire et notre volonté de ne pas lui nuire.indique à Figaro Mireille Loirat, adjointe de la ville d’Ancenis, chargée de la transition écologique.

Comme le souligne l’élu local, les récents épisodes de sécheresse ont été des indicateurs importants de l’état actuel du fleuve. « Les images du pont d’Ancenis déposées sur le lit sec et craquelé de la Loire, en 2020 et 2022 , ont été un choc. Il a frappé. Depuis, nous avons rappelé que nous avions aussi une part d’identité ligérienne », se souvient Mireille Loirat. L’engagement d’Ancenis ne se limite cependant pas à des engagements symboliques. La commune est impliquée dans le plan de rééquilibrage du lit de la Loire, porté depuis 2021 par Voies navigables de France. Le programme prévoit notamment la réouverture des bras secondaires du fleuve afin de revigorer et de relever les niveaux d’étiage. Un projet ambitieux qui devrait être achevé l’année prochaine. Plus ou moins pour la présentation des droits de la Loire.

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