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une course à la dignité

Les sorties cinéma de la semaine, avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci, avec « L’Histoire de Souleymane » de Boris Lojkine et « Niki » de Céline Sallette.

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Temps de lecture : 7 minutes

Une image du film "L'histoire de Souleymane" de Boris Lojkine. (FILMS UNITÉ / PYRAMIDE)

Souleymane file et zigzague sur son vélo, tant bien que mal et le plus vite possible, dans les rues de Paris, constamment sous la pression des horaires et des tarifs du service de livraison pour lequel il pédale.

A peine considéré par les clients, il profite de ses rares temps d’arrêt pour apprendre par cœur, dans un bon français, l’histoire inventée, qui se transmet de candidat en candidat, censée permettre l’octroi d’un titre de séjour. Pour ne rien arranger, sa copine restée en Guinée lui annonce qu’elle va épouser quelqu’un d’autre, et il doit de l’argent à cette connaissance, qui lui a fourni les éléments de ce discours à avaler.

D’autant qu’Abou Sangaré, l’interprète de Souleymane – Prix ​​du Jury et Prix de l’Acteur Masculin à Cannes dans la catégorie « Un Certain Regard » pour son interprétation – est lui-même en attente d’une autorisation de séjour sur le sol français, malgré cette histoire, et plusieurs emplois.

Le film est nerveux, étouffant, il prend aux tripes, on étouffe, on est littéralement dans les roues de Souleymane, mais au-delà de son cas, Boris Lojkine documente aussi une société déshumanisante, qui va trop vite, dans laquelle parfois les gens sont comme des pions, des boîtes, des services qu’il faut valider ou annuler.

Abou Sangaré est majestueux dans son charisme, Nina Meurisse qu’on voit dix minutes à la fin, remarquable aussi, et vraiment L’histoire de Souleymane est un grand film.


Niki
de Céline Sallette

Peintre, sculpteur, plasticienne, Niki de Saint Phalle, décédée en 2002, fut l’une des figures du mouvement des Nouveaux Réalistes au début des années 1960, avec Yves Klein, Arman et Jean Tinguely qui fut son compagnon.

Céline Sallette – grâce à elle – nous épargne un biopic de plus, elle se concentre sur la naissance de Niki en tant qu’artiste, ou plutôt sa renaissance. Victime d’un inceste paternel, passée par l’hôpital psychiatrique, elle a l’intuition que l’art, notamment en manipulant la matière, sera son sauveur.

Charlotte Le Bon, elle-même plasticienne, incarne à merveille ce moment où Niki de Saint Phalle échappe à la folie. D’elle, vous connaissez sans doute la fontaine Stravinsky, à Beaubourg à Paris, ou encore les shootings, performances au cours desquelles elle tirait au fusil sur ses œuvres, pour révéler les couleurs contenues dans les poches. Céline Sallette évoque la portée symbolique de ces clichés, et la contrainte créatrice de ne pas avoir eu le droit de montrer les œuvres à l’écran.

Voici donc un anti-biopic réussi : par choix, en évoquant seulement l’émergence de Niki de Saint Phalle, par contrainte, ne pouvant pas montrer les œuvres. Quitter le cinéma, et vouloir mieux connaître un artiste : mission accomplie.

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