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une cérémonie marquée par l’émotion et la beauté

« Éveillez-vous, orgue, instrument sacré : entonnez la louange de Dieu, notre créateur et notre père. » s’écrie Mgr Laurent Ulrich. Et le grand orgue de Notre-Dame répond à l’archevêque de Paris en improvisant des accords puissants. Pour la première fois depuis le 15 avril 2019, jour où le service religieux a été interrompu par une alarme incendie, la voix de la cathédrale de Paris s’est fait entendre, samedi 7 décembre, résonnant entre les voûtes et la clarté des murs rougeoyants. Après cinq années de construction, Notre-Dame renaît.

Avant que le grand orgue ne soit levé, la cérémonie inaugurale, à laquelle ont assisté près de 2 000 invités, a commencé par le rite d’ouverture des portes. Mais la météo ayant bouleversé le programme initial, où un temps républicain sur la place devait précéder la partie liturgique dans l’édifice, c’est une première partie singulière de près d’une heure qu’a vécue Notre-Dame, durant laquelle les paroles et les gestes laïques ont été mêlé aux prières de la liturgie. Ainsi, lorsque les nombreux chefs d’État ont pris place dans la nef remontant le bas-côté sud, Volodymyr Zelensky a été applaudi par l’assemblée. Premier moment de forte émotion. Quelques minutes plus tard, Donald Trump, le président élu américain, ne le fera pas.

Ouvriers, artisans et pompiers applaudis

Un autre frémissement parcourt l’assemblée lorsque les ouvriers, artisans, pompiers, descendent la nef pour prendre place au milieu de l’assemblée. Assis côte à côte, les trois architectes – Philippe Villeneuve, Rémy Fromont, Pascal Prunet – et le président de l’établissement public, Philippe Jost, sont également salués. De longues ovations sous les pierres blondes d’une cathédrale qui n’a jamais paru aussi grandiose. Philippe Villeneuve ne retient pas ses larmes.

Les chants du maître de Notre-Dame, qui revient également dans son église, comme le court mais splendide récital des frères Renaud et Gauthier Capuçon, s’inscrivent parfaitement dans ce temps de retrouvailles. En attendant que le président de la République prenne la parole. Son discours devait avoir lieu sur la place. Mais c’est donc depuis le chœur de Notre-Dame qu’Emmanuel Macron rend à son tour un hommage à tous ceux qui ont permis la renaissance de la cathédrale. Comme il l’a fait en 2019 en fixant le projet de reconstruction à cinq ans, c’est un message politique, au sens profond du terme, que souhaite délivrer le chef de l’Etat.

Une métaphore heureuse

Grâce à ce projet, Notre-Dame, dit-il, est « l’heureuse métaphore de ce qu’est une nation et de ce que devrait être le monde (…) Notre cathédrale nous dit à quel point le sens, la transcendance, nous aident à vivre dans ce monde. Transmettre et espérer, c’est le sens de ce travail et de notre présence ce soir », déclare le président avant de lancer une « Vive Notre-Dame, vive la République, vive la France ». Une phrase sans doute inédite dans la bouche d’un chef d’Etat, mais la place de ce monument dans l’histoire de France est unique et ce travail de restauration est historique.

Le président rend alors la cathédrale à l’archevêque et commence le rituel proprement liturgique.

Les paroisses de Paris, représentées par des porte-étendards (qui ont été dessinés par Jean-Charles de Castelbajac, comme les ornements liturgiques du clergé), sont en bonne place dans la procession, symbole que c’est tout le diocèse de Paris qui trouve aujourd’hui son cathédrale. C’est aussi, pour Mgr Ulrich, nommé archevêque de Paris en 2022, alors que Notre-Dame était inaccessible, le moment où il peut formellement prendre possession de sa cathèdre. L’Église universelle est également là, avec, dans les rangs du clergé, le patriarche maronite Bechara Raï, le cardinal Dolan, aux côtés d’une quinzaine d’évêques français dont Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la conférence épiscopale.

Le pape François, s’il n’est pas présent, a envoyé une lettre qui est lue au début de la liturgie. Il souligne « l’approche spirituelle authentique » vécu par tous ceux qui ont participé au projet, et voit dans la réouverture de Notre-Dame un « signe prophétique du renouveau de l’Église en France « .  » J’invite tous les baptisés qui entreront avec joie dans cette cathédrale à ressentir une légitime fierté et à se réapproprier leur héritage de foi. », déclare encore le Pape par la voix de Mgr Celestino Migliore. En invitant à « accueillir généreusement et gratuitementt « la foule » immense de tous les peuples de toutes conditions, origines, religions, langues et cultures » qui se presseront bientôt aux portes de Notre-Dame, le pape confirme également l’Église de France dans sa volonté de ne pas faire payer l’entrée à la cathédrale.

« Il n’y a pas que les princes, les chefs, les notables qui ont leur place dans l’Église »

Après le chant du Psaume 112, et la lecture d’un passage de la lettre de saint Paul aux Éphésiens, dans une courte homélie, Mgr Ulrich assure : « Il n’y a pas que les princes, les chefs, les notables qui ont leur place dans l’Église. » Devant lui, un premier rang où côtoient le prince William, le président élu Donald Trump et le roi des Belges. « Nous voulons que ceux qui ne s’en sentent généralement pas dignes y viennent.poursuit l’archevêque de Paris. Beaucoup d’hommes et de femmes ne pensent pas qu’ils sont invités dans une église, parce qu’ils croient que l’église est réservée à ceux qui y sont depuis toujours. » Si « la pierre angulaire de cet édifice est le Christ » comme le dit l’apôtre Paul : « cela veut dire que la porte est ouverte à tous, même s’ils sont de passage, même s’ils sont étrangers, même s’ils n’y sont pas habitués », ajoute Mgr Ulrich, décrivant cette cathédrale « entièrement tourné vers le mystère du Christ  » comme  » le signe de l’immense joie des croyants « .

Après le chant du Magnificat, les intentions de prière, et la bénédiction finale, le chant du Te Deum s’élève, pour clôturer cet office de réouverture de Notre-Dame. Dimanche, la première messe célébrée dans la cathédrale depuis la fin des travaux aura une dimension particulière, puisque ce sera celle où sera consacré le nouvel autel, dans lequel seront les reliques de cinq saints liés à l’histoire de Paris. mis.

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William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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