Une Bordelaise envoie son dossier pour un appartement et finit avec 9 000 euros de dettes
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Une Bordelaise envoie son dossier pour un appartement et finit avec 9 000 euros de dettes

Une Bordelaise envoie son dossier pour un appartement et finit avec 9 000 euros de dettes

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Tout s’est passé en un seul clic. En mai 2023, Alix, une jeune bordelaise de 27 ans, cherchait un logement en région parisienne avec l’idée de quitter sa colocation.

Après être tombée sur une annonce « tout normal » sur Leboncoin, elle a accepté pour envoyer votre dossier de location pour une prochaine visite.

Mais derrière la publicité se trouvaient des fraudeurs qui lui a volé son identité bancaire grâce à ses documents pour obtenir un prêt à la consommation de 9 000 euros. Aujourd’hui, Alix est inscrit à la Banque de France et se bat pour rétablir la situation.

Tout ce dont vous avez besoin pour arnaquer

« J’ai craqué, soupire la jeune femme. L’annonce qui la piégeait était rédigée dans un français correct, le prix semblait correspondre à celui du marché.

Lorsque la Bordelaise a demandé plus de photos par mail, la (fausse) propriétaire n’a pas hésité à lui en envoyer non plus. Et puis il a demandé votre dossier de location avant une visite.

« De plus en plus de vrais propriétaires font cela, cela ne semble donc pas anormal aux locataires », explique Marie-Camille Eck, avocate spécialisée dans l’accompagnement des victimes d’usurpation d’identité. Y compris Alix, qui a donc décidé de lui transmettre son dossier.

Parmi les documents reçus par le fraudeur : une copie du Carte d’identité de la jeune femme, ses trois dernières fiches de paie et un justificatif de domicile. Tout ce dont vous avez besoin pour ouvrir un compte bancaire et contracter un prêt. Mais Alix ne le sait pas.

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Elle ne se méfie que lorsque, après l’envoi du dossier, le faux propriétaire lui demande de verser une caution. Là, elle flaire une arnaque et arrête toute communication, mais il est déjà trop tard.

Elle découvre le pot de roses

La jeune victime, dans son malheur, a eu de la chance sur un point : elle n’a finalement pas bougé et a ainsi pu recevoir, en septembre 2023, une lettre de Cetelem* indiquant qu’elle était en retard « dans le remboursement(s) à crédit et qu’elle la banque allait le (déclarer) en situation irrégulière avec la Banque de France.

Les escrocs ont effectivement ouvert un compte bancaire à son nom, avant de souscrire un prêt à la consommation de 9 000 euros sans que Cetelem ait vérifié leur identité.

«C’est très simple d’ouvrir un compte pour quelqu’un d’autre depuis son ordinateur», explique l’avocat spécialisé. Les chèques bancaires sont très basiques. »

Déposé à la Banque de France

« Dans ces cas-là, il faut immédiatement déposer une plainte pour déclaration à l’établissement bancaire que vous êtes victime d’une fraude et que vous tentez de clôturer le compte », souligne Marie-Camille Eck.

Alix s’est conformée et une fois sa plainte transmise à la banque, son dossier a pu être transféré au service des fraudes – ce qui signifie qu’elle n’était pas responsable des retards de paiement à son nom.

Mais étant donné que deux mensualités de prêt à son nom sont restées impayées, la jeune Bordelaise est « toujours fichée à la Banque de France ». Elle peut toujours utiliser son propre compte et ses propres moyens de paiement, mais je ne peux pas obtenir de prêt.

Le dossier dure jusqu’à cinq ans et ne peut généralement être modifié que lorsque l’organisme bancaire en a lui-même fait la demande auprès de la Banque de France.

Y a-t-il d’autres crédits à son nom ?

Autre problème : Alix ne sait même pas, pour le moment, si les fraudeurs ont souscrit d’autres crédits, ni pour quels montants. Pour le savoir, « vous devez avoir accès à la Ficoba », le fichier national des comptes bancaires, qui contient la précieuse liste des comptes ouverts à votre nom.

Mais pour y accéder, autre obstacle : « Il faut que la CNIL accepte de lever le confidentialité de mes données », explique Alix, dont la demande est « à l’étude » depuis des mois.

En attendant d’être enfin « déchargées » à la Banque de France, les victimes doivent choisir entre la peste et le choléra. S’ils ne souhaitent pas contracter de prêt dans les prochains mois, « on peut demander à la Banque de France d’inscrire la mention « erreur d’identité » sur leur dossier, qui reste au dossier », explique M.e Eh bien.

Cela empêche les fraudeurs d’ouvrir d’autres comptes. Mais dans ce cas, « les banques refusent généralement d’accepter que les victimes fassent un prêt ». Alors pour ceux qui souhaiteraient obtenir un crédit, « on essaie plutôt d’obtenir la suppression complète de l’immatriculation »… Quitte à risquer l’ouverture de nouveaux comptes.

Comment prévenir ce type d’arnaque ?

Les situations d’usurpation d’identité bancaire les plus courantes sont celles qui impliquent l’envoi de dossiers de location.

Pour éviter l’arnaque, un outil reste : un simple filigrane ajouté aux documents, précisant qu’ils ne peuvent être utilisés qu’à des fins de location, ce qui empêche les escrocs de les utiliser pour ouvrir un compte bancaire.

Le gouvernement a même créé un site dédié, Filigrane Facile, pour ajouter cette frontière numérique. « Mais sur ce site, il faut fournir mille documents, ça me décourageait », se souvient Alix. Une opération fastidieuse, certes, mais nécessaire pour éviter le montagne de galères ce qu’implique l’usurpation d’identité bancaire.

« En tout cas si vous êtes victime de ce type d’arnaque, quand vous faites le bon choix, on finit par s’en sortirrassure Me Eh bien. Et plus vite nous traitons la situation, plus vite elle sera résolue. Il ne faut donc jamais hésiter à demander de l’aide. »

*Cetelem n’a pas répondu à nos différentes demandes

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