une bagarre entre députés éclate après le limogeage d’un maire pro-kurde
Selon des témoins, plusieurs personnes ont été blessées et arrêtées après l’intervention de la police dans la commune de Hakkari.
Le limogeage d’un maire pro-kurde du sud-est de la Turquie a continué mardi de susciter des tensions dans le pays avec des manifestations dans la région concernée et une bagarre entre députés au parlement d’Ankara.
Selon des témoins, plusieurs personnes ont été blessées et arrêtées après l’intervention de la police dans la ville de Hakkari, dont le conseiller, élu du parti pro-kurde DEM, a été démis de ses fonctions et placé en garde à vue. vu lundi, accusé de« appartenance à une organisation terroriste armée ».
Bannières déchirées
A Ankara, une bagarre filmée par les caméras du Parlement opposait des députés du parti AKP au pouvoir à ceux du DEM qui comptaient occuper les lieux pour dénoncer la nomination d’un maire suppléant à Hakkari. Pendant que ce dernier (DEM) chantait « Au coude à coude contre le fascisme »Les députés de l’AKP ont répondu « A bas le PKK ».
Les députés du parti au pouvoir ont alors arraché les banderoles des mains de leurs opposants et, dans la confusion qui a suivi, plusieurs élus ont été jetés à terre, selon la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux. Le DEM (ex-HDP) est régulièrement accusé par le gouvernement turc de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé considéré comme terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, ce que ce parti dément. Mehmet Siddik Akis est le premier maire pro-kurde démis de ses fonctions depuis les élections municipales du 31 mars, au cours desquelles le parti DEM a remporté 77 municipalités à travers la Turquie.
La police est intervenue contre ses partisans en tirant des balles en caoutchouc, selon le média d’opposition Medyascope, tandis que le gouverneur de la province d’Hakkari a interdit toute manifestation jusqu’au 12 juin. Une délégation de parlementaires et de dirigeants du parti DEM (ex-HDP), la troisième force au Parlement, s’est rendu sur place lundi. Le CHP, principal parti d’opposition social-démocrate, a exprimé son soutien au conseiller démis et a envoyé une délégation à Hakkari.
Une cinquantaine de maires du parti prokurde élus en 2019 ont été remplacés par des administrateurs, « kayyums », désigné par l’État. L’ancien coprésident de cette formation, Selahattin Demirtas, incarcéré depuis 2016, a été condamné en mai à 42 ans de prison, notamment pour atteinte à l’unité de l’Etat.