Une autre BCE pour une autre Europe
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Une autre BCE pour une autre Europe

Une autre BCE pour une autre Europe

Un choc de démocratisation est essentiel pour éviter que l’Union européenne (UE) ne sombre dans de terribles régressions, à l’heure où les menaces d’extrême droite se profilent partout. L’ouverture du système qui verrouille et confisque le processus décisionnel de la Banque centrale européenne (BCE) est l’un des leviers majeurs. L’ensemble du mécanisme de la politique monétaire a en effet été placé sous l’influence d’un très petit nombre d’individus, détenteurs des plus gros portefeuilles boursiers, ce qui leur permet de contrôler le plus grand nombre possible de banques, de groupes ou d’entreprises. entreprises en Europe. Malgré les défis qui émergent et impactent la grande majorité des citoyens, favorables à une politique monétaire sans précédent pour le développement de l’emploi et des services publics, comme mesures essentielles dans la lutte pour la préservation du climat.

Le bâtiment public a été confié à des personnalités, comme la Française Christine Lagarde, sa patronne actuelle, ancienne membre du cabinet d’avocats d’affaires Baker McKenzie, pilier du genre à Wall Street. Pour prévenir toute intervention intempestive de la société, un statut sur mesure permet, sous couvert d’indépendance, un développement strictement réservé de la politique monétaire européenne. Sa règle d’or : la compatibilité la plus stricte avec les critères des marchés financiers.

D’où la politique d’austérité, initiée dans toute l’Europe ces derniers mois, avec le retour, début 2024, du soi-disant pacte de stabilité européen, suspendu depuis trois ans en raison de la pandémie de Covid et de la guerre en Ukraine.
Or, dans une terrible contradiction, la BCE a bel et bien dû s’asseoir durant ces trois années sur ses dogmes jugés les plus insurmontables. La nécessité, en quelque sorte, a régné en maître lorsqu’il a fallu prendre des mesures extraordinaires pour maintenir à tout prix le système à flot : la BCE a baissé ses taux d’intérêt au point d’inonder les marchés de crédit gratuit.

Or, ces masses d’argent ont été déversées, selon les procédés habituels, sur les principaux acteurs des marchés financiers. Ces prêts gratuits étaient le plus souvent confisqués pour financer des opérations strictement lucratives, voire spéculatives. On est à mille lieues de la nécessité d’investir dans les questions sociales, l’éducation, la formation ou la protection de l’environnement.

Résultat : l’inflation a fait une entrée tonitruante sur le terrain. La BCE a tenté de la contenir en revenant à ses outils les plus traditionnels : hausse des taux et… austérité. Ce qui revient à faire payer la facture de l’opération aux travailleurs, alors que la hausse des prix est essentiellement d’origine financière – les plus gros actionnaires ayant, selon plusieurs études, décuplé leurs bénéfices dans le même temps.

La nécessité d’arriver à une création monétaire à taux zéro, voire subventionnés, pour financer non seulement les heureux élus des marchés mais aussi les grands projets d’intérêt public, ne cesse donc de s’accentuer. Dans toute l’UE, le temps d’une citadelle anachronique, la BCE ne recevant que les ordres du marquis de la finance le plus puissant, est compté. La banque centrale, émanation publique, doit enfin changer ses critères.

Elle doit à nouveau activer des crédits gratuits mais à condition qu’ils soient réservés au bien commun européen. Le critère d’attribution ne doit plus être le niveau de rentabilité financière, mais au contraire le plus haut degré d’utilité pour les travailleurs et les citoyens des différents pays de l’UE. C’est-à-dire un changement complet de paradigme, qui suppose un accès au processus décisionnel de la BCE pour l’ensemble de la société (associations, syndicats, partis).

Alors que la plupart des partis en lice aux élections européennes se résignent à une sorte de statu quo à l’égard de la BCE, Léon Deffontaines, tête de liste PCF, relève ce défi : « Il faut, dit-il, financer avec des embauches à taux zéro et des dépenses de formation massives qui permettront un développement sans précédent des infrastructures et des services publics. » Une démocratisation radicale de la gestion de la BCE et de l’euro, qui prend la dimension d’un travail de sécurité publique sur tout le Vieux Continent si l’on veut considérer l’ampleur des déficits d’investissement public, comme en France ou en Allemagne, dans les secteurs aussi crucial que l’éducation, le logement ou la santé.

Sans attendre une hypothétique modification des textes de référence européens, l’article 123.2 du traité actuel régissant le fonctionnement de l’UE ouvre une première possibilité d’impulser cette transformation radicale, puisqu’il valide le principe de la création d’un fonds de solidarité européen qui pourrait être exclusivement dédié à ces objectifs.

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