« Une augmentation des recettes de l’ordre de 87 milliards d’euros est possible »
DFaut-il accepter le discours alarmiste autour de la dette ? C’est la peur du moment. Le réchauffement climatique peut attendre, la lutte contre le chômage et la précarité ne sont plus des priorités. Ce qu’il faut craindre plus que tout, c’est la dette. Celle de l’État, celle qui pèse, du fait de notre incohérence, sur les épaules fragiles des générations futures.
Ce sujet doit être un thème de campagne pour les élections européennes de juin car il renvoie à un choix politique. La social-démocratie, soucieuse de préserver un État-providence, a perdu la bataille idéologique et le libéralisme a remporté une victoire, le démantèlement de l’État-providence et la privatisation d’un certain nombre de services publics.
Avec une dette publique française qui s’élève à 3 101,2 milliards d’euros en 2023, soit 110,6 % du produit intérieur brut (PIB), et un déficit public de 5,5 %, soit 154 milliards (« Information rapide » n°74, Insee, 26 mars 2024) , le gouvernement maintient son objectif de réduire ce déficit à 3 % en 2027 en proposant déjà des coupes budgétaires de 10 et 20 milliards en 2024 et 2025. Il n’envisage pas d’agir sur des recettes.
Cependant, à partir de 2008, le creusement du déficit s’explique par des mesures destinées à réduire les recettes de l’État (abandon des impôts sur les plus-values de cession d’entreprises, baisse de leur taux d’imposition et de l’ISF, etc.). Le paradoxe français est que malgré ces baisses d’impôts ciblées, accentuées sous les gouvernements Macron, le taux de prélèvements obligatoires (impôts effectifs et cotisations sociales perçus par les administrations publiques) est resté élevé. Il est en très légère baisse en 2023 à 43,5% du PIB, contre 45,2% en 2022.
De nouveaux coûts annoncés
Mais c’est en réalité la répartition de l’effort fiscal entre agents économiques qui a été modifiée. Depuis 2010, les prélèvements obligatoires sur les ménages ont augmenté, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (ils sont passés de 25 % du PIB à 28 % en 2023), tandis que les prélèvements sur les entreprises ont augmenté de 17 % à 16 % (« Note d’orientation de l’OFCE »). n° 112, 22 février 2023).
Sous l’ère Macron, la hausse annuelle moyenne des recettes entre 2017 et 2023 a été de 2,8 %, tandis que les dépenses ont augmenté de 3,7 %, un chiffre modéré compte tenu du contexte inflationniste. Il comprend également des montants exceptionnels, estimés entre 2020 et 2023 à 241 milliards d’euros, avec des mesures d’urgence liées à la crise sanitaire puis à la crise énergétique.
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