une aubaine ou un risque pour l’emploi ?
Les défis économiques de l’augmentation du salaire minimum
Depuis 2012, le Smic n’augmente qu’en fonction de l’inflation. Pour Clément Carbonnier, professeur d’économie à l’université Paris 8, cette revalorisation se justifie pour soutenir le pouvoir d’achat des salariés les moins bien payés. Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France insoumise, a promis une augmentation immédiate du Smic à 1 600 euros net. Selon Clément Carbonnier, « Il semble donc logique de prévoir un tel rattrapage pour réellement soutenir le pouvoir d’achat des Français. « .
Critiques sévères sur les impacts économiques
Les critiques à l’encontre de cette mesure sont nombreuses. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, et Michel Picon, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), ont fait part de leurs inquiétudes. Selon eux, une telle hausse pourrait entraîner des licenciements massifs, notamment dans les petites entreprises qui ne pourraient pas supporter une hausse aussi importante du coût du travail. Bertrand Martinot, économiste à l’Institut Montaigne, estime que cette revalorisation pourrait conduire à un « gigantesque aplatissement de la distribution des salaires », faisant passer le nombre de salariés au Smic de 17 % à près de 30 %. Il précise que « Si on augmente le salaire minimum net de 1 400 à 1 600 euros net par mois, mécaniquement, du jour au lendemain, on aura entre 25 et 30 % de salariés au SMIC « .
Effets potentiels sur l’emploi
Une étude de l’Institut Montaigne prévoit que cette mesure pourrait entraîner entre 230 000 et 380 000 suppressions d’emplois. Bertrand Martinot souligne qu’une augmentation du salaire minimum augmenterait les coûts du travail, particulièrement sensibles aux bas salaires, et pourrait inciter les entreprises à supprimer des emplois ou à ne pas en créer de nouveaux. Clément Carbonnier conteste cette vision, la qualifiant de théorique et difficilement observable dans les données empiriques. Selon Bertrand Martinot, augmenter immédiatement le salaire minimum de 14 % entraînerait « une hausse des salaires de 14 % ». une contraction gigantesque de la distribution des salaires » De plus, il ajoute que cela augmenterait mécaniquement le nombre de salariés au salaire minimum de » 17% à près de 30% « .
Compensations possibles pour les petites entreprises
Pour atténuer les effets négatifs, le PFN propose un soutien spécifique aux petites entreprises, comme des prêts à taux zéro et des facilités de liquidité. Ces mesures pourraient contribuer à compenser partiellement la hausse des coûts de main-d’œuvre et à limiter les pertes d’emplois. Toutefois, ces mesures de soutien restent floues et nécessitent une mise en œuvre concrète et efficace.
Une mesure socialement juste ?
Gilbert Cette, professeur à Neoma Business School, met en garde contre une « smicardisation » accrue de la France. Une telle revalorisation pourrait concentrer les salaires autour du SMIC, limitant ainsi les perspectives d’évolution des salariés légèrement mieux payés. Cette situation pourrait provoquer des frustrations chez les salariés et nuire à la mobilité sur le marché du travail. Selon Bertrand Martinot, « L’effet de rattrapage en cas de revalorisation du SMIC est une réalité. Mais rappelons que dans l’absolu, les salariés concernés ne sont pas perdants. Il s’agit seulement d’un sentiment et d’une impression de rattrapage par rapport au SMIC, mais en réalité, leur salaire ne diminue pas. « .
Solutions alternatives à envisager
Plutôt que d’augmenter drastiquement les salaires, certains économistes, comme Bertrand Martinot, proposent de revoir les mécanismes de fixation du salaire minimum. Une approche consistant à moduler les premiers niveaux des échelles salariales dans les différents secteurs professionnels pourrait être plus efficace pour « dé-micardiser » la France sans subir les effets négatifs d’une augmentation générale du salaire minimum. Pour Bertrand Martinot, une autre solution pour « dé-micardiser » la France serait de « réduire le salaire minimum ». démicardiser La France « serait plutôt, comme le recommande le groupe d’experts sur le salaire minimum, » remplacer le salaire minimum légal national, dont le montant est fixé selon une formule mathématique bien connue, par la moyenne pondérée de la revalorisation des premiers niveaux de l’échelle salariale d’une dizaine de branches professionnelles donnant le ton à l’économie « .