Une amende civile pour sanctionner l’auteur de discrimination au travail

Publié le 30 janvier 2023 à 06:11
Parenthèse dans le conflit des retraites… Alors que l’examen du projet de réforme démarre dans l’après-midi à l’Assemblée avant une nouvelle mobilisation syndicale mardi, le Premier ministre se rend ce lundi matin à l’Institut du monde arabe. Objectif : présenter un plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine qui couvrira la période 2023-2026.
Son prédécesseur, Edouard Philippe, s’est entouré de huit ministres pour présenter le précédent en 2020, dix accompagneront Elisabeth Borne, en plus d’Isabelle Rome, ministre déléguée à l’Egalité.
Ce plan est le fruit d’une large consultation initiée en septembre, souligne-t-on au gouvernement. Plus de 35 associations et fondations ont été consultées en plus du Défenseur des droits, de la Commission nationale des droits de l’homme et de l’Arcom.
Cinq axes
Le dispositif s’articule autour de cinq axes : « nommer la réalité » et « réaffirmer notre modèle universaliste » ; mesurer les phénomènes de racisme, d’antisémitisme, d’antitsiganisme – une première – et de discrimination ; mieux éduquer et former; punir les auteurs; soutenir les victimes.
Au total, 80 mesures seront annoncées. Parmi eux, plusieurs concernent le monde du travail. C’est le cas de la réactivation des campagnes de tests sur les discriminations à l’embauche et dans les entreprises, un dossier ouvert sous Edouard Philippe, mais sans impulsion suffisante.
« Tests réguliers »
Il revient à l’ordre du jour avec la promesse d’organiser « des tests réguliers dans différents secteurs d’activité ». Mais, est-il précisé, leurs modalités « seront construites avec les acteurs (organisations syndicales et patronales, associations, pouvoirs publics) ». Dans une « logique graduée », si les mauvaises pratiques persistent, le gouvernement n’exclut pas les sanctions et le recours à la pratique du « name and shame », publiant les noms d’entreprises peu vertueuses, ce qui a déjà été fait dans les cinq précédentes -mandat d’un an.
En revanche, le plan est muet sur l’autotest qu’une personne qui s’estime discriminée peut effectuer pour recueillir des preuves, abordé dans le projet de loi préparé par le député de la Renaissance Marc Ferracci, qualifié par Matignon de « soutien précieux ». . « Le dépistage individuel est intéressant, notamment pour les cas des petites entreprises, et pour toucher le plus grand nombre », estime-t-on au gouvernement.
Un fonds pour les actions collectives
Le plan prévoit également la création d’« une amende civile dissuasive ». « Elle sanctionnera l’auteur responsable de discrimination (à l’embauche, à l’emploi, pour cause de santé) en plus de la condamnation à réparation du préjudice de la victime », précise-t-on au gouvernement. . « Cette mesure pourrait alimenter, sous réserve d’expertise sur la faisabilité, un fonds qui servira à financer des actions collectives contre les discriminations. »
Ces actions collectives, créées fin 2016 et qui visent à mettre en lumière les discriminations systémiques, sont extrêmement complexes à mettre en œuvre, montrent la série d’actions collectives lancées par la CGT contre Safran sur les discriminations syndicales, actuellement en appel, et contre la Caisse d’Epargne Ile-de-France concernant les discriminations sexistes. Le gouvernement dit vouloir « que les organisations syndicales se saisissent davantage de cette possibilité ».
Une visite d’histoire ou de mémoire
Parmi les autres mesures prévues – il y en a 80 au total -, il y a aussi, par exemple, « l’organisation d’une visite d’histoire ou de mémoire liée au racisme, à l’antisémitisme ou à l’antitsiganisme pour chaque élève pendant sa scolarité ». Le gouvernement souhaite également créer des peines aggravées en cas « d’infractions non publiques à caractère raciste ou antisémite commises dans l’exercice de leurs fonctions par des personnes dépositaires de l’autorité publique ou chargées d’une mission de service public ».
En revanche, rien dans le plan concernant les contrôles d’identité raciale condamnés par la Cour de cassation et dont le chef de l’Etat a reconnu l’existence.