Avec son long nez effilé à l’avant pour « soulever au vent », et ses deux immenses mâts qui s’élèvent vers le ciel, l' »Anemos » a fière allure. La goélette de 80 mètres de long, entièrement réalisée en acier et aluminium, n’a rien à envier à l’élégance des gréements anciens. Sa conception s’inspire initialement du « Palinuro », l’un des derniers grands voiliers de pêche français, construit en…
Avec son long nez effilé à l’avant pour « soulever au vent », et ses deux immenses mâts qui s’élèvent vers le ciel, l' »Anemos » a fière allure. La goélette de 80 mètres de long, entièrement réalisée en acier et aluminium, n’a rien à envier à l’élégance des gréements anciens. Sa conception s’inspire initialement du « Palinuro », l’un des derniers grands voiliers de pêche français, construit en 1934 au chantier Dubigeon à Nantes, aujourd’hui navire-école de la marine italienne.
A l’arrivée, après des milliers d’heures de dessins et de calculs sur des méga ordinateurs, le résultat est un peu différent. « Nous souhaitions une capacité de chargement de 1 000 tonnes, donc le bateau est un peu plus large. Il y a aussi un mât de moins», explique Guillaume Le Grand, le patron de Towt, la compagnie maritime qui l’a conçu en partenariat avec le chantier Piriou. Les superlatifs sont essentiels quand il s’agit de voiles. Le plus grand atteint 12 mètres de large. Entièrement déployée, la verrière représente 2 200 m². « Nous n’avons jamais installé un gréement aussi puissant », souligne Guillaume Le Grand. Il devrait permettre d’atteindre une vitesse de 20 nœuds (37 km/h), 10,5 en moyenne sur une transatlantique. C’est très rapide. »
Une douzaine de passagers
Au fond de ses six cales, l’« Anemos » transportera le café Belco entre l’Amérique du Sud et la France. Alexandre Bellangé a choisi d’affréter le navire, « convaincu qu’il faut investir dans des choix qui ont du sens pour l’avenir ». C’est Louis Mayaud, ancien négociant en café et navigateur, qui porte ce projet au long cours au sein de l’entreprise. « Nous étions déjà engagés en faveur de la durabilité dans la production et dans le soutien à nos clients torréfacteurs. Mais il y avait un trou dans le vacarme au milieu, le transport maritime, souligne-t-il. Si cela pose de nombreux problèmes environnementaux, notamment en termes de logistique, les transbordements (chargement et déchargement) sont nombreux. De plus, le récipient a un effet autocuiseur chaud et humide, ce qui n’est pas bon pour le café. » A bord de « l’Anemos », les précieux grains voyageront sur des palettes. Le premier voyage est prévu en août entre Santa Marta, sur la côte caraïbe de la Colombie, et Le Havre, où Belco dispose déjà d’installations logistiques. Ce choix de transport engendrera pour le consommateur un surcoût de 20 centimes d’euro sur un paquet de café de 250 grammes.
En plus de ses sept membres d’équipage, l’« Anemos » pourra embarquer une douzaine de passagers pour une traversée transatlantique intemporelle dédiée aux amateurs de littérature dans des cabines portant les noms de grands écrivains. Grâce à un partenariat avec Gallimard, une bibliothèque bien fournie sera à leur disposition. Vous y trouverez, entre autres, toute l’œuvre de Gabriel García Márquez, grand auteur colombien et prix Nobel de littérature. Pour embarquer, il faudra être patient – il existe déjà des listes d’attente – ou pourquoi pas se procurer un ticket doré dans un paquet de café Belco.