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un usage régulier de l’IA jugé « risqué » par les salariés

Diffusion de fausses nouvelles (pour 84% des répondants), perte de distance critique (82%), prise de mauvaises décisions (80%), atteinte aux données personnelles (79%), conséquences négatives sur l’emploi (77%), violation des règles commerciales secrets (75%)… Les risques que les outils d’intelligence artificielle générative induisent notre cerveau en erreur ou remplacent notre poste de travail, sans que l’utilisation des données collectées puisse être maîtrisée, sont jugés  » assez  » Ou « très probable » par des salariés interrogés par Occurrence (groupe Ifop) pour le Cercle d’Éthique des Affaires.

Ces craintes précèdent les craintes avérées de « parti pris discriminatoire » (65%) induits par des choix humains dans les algorithmes de programmation. Plus surprenant, l’impact sur l’environnement des supercalculateurs et la très haute bande passante nécessaire à l’utilisation de cette technologie arrive, avec 57%, en dernière position parmi les questions éthiques soulevées en entreprise. « C’est l’éléphant au milieu de la pièce »note Assaël Adary, le co-fondateur et directeur général d’Occurrence. « L’empreinte carbone du numérique est bien documentée, mais le service rendu par l’IA est a priori considéré comme plus important. »

Des usages diversifiés

Au total, 86% des salariés interrogés estiment que son utilisation régulière dans la sphère professionnelle comporte des risques (dont 29% « très important »). Cette perception est plus forte chez les managers (89 %) et les salariés ayant plus de vingt ans d’ancienneté (à 88 %, contre 79 % pour les embauches récentes). Cependant, seulement 15 % des personnes interrogées ont déclaré utiliser l’IA dans leur travail lorsqu’elles ont répondu à l’enquête entre le 6 février et le 19 mars 2024. Il s’agissait le plus souvent d’un homme (19 %, contre 12 % de femmes) occupant des postes de direction (23 %). %, contre 11 % des « non-managers »).

Les managers déclarent utiliser ces outils pour rechercher des informations (18%), « suggestions d’idées et de stratégies » (8%), la rédaction de « documents complexes »des e-mails ou « résumés de documents » (6%). « Les usages sont déjà très divers. Et ce serait problématique si la rédaction d’un contrat par AI n’était pas supervisée »prévient Stéphanie Scouppe, directrice de l’éthique à Aéroports de Paris (ADP) et présidente du Cercle d’éthique des affaires, lors de la présentation de l’étude à ses membres mi-mai. « Cela pose la question de l’accompagnement des salariés, des règles que nous fixons, de la manière dont nous entretenons un esprit critique auprès de nos collaborateurs. »

Interdire ou réglementer ?

Lors de la présentation, le représentant d’un « groupe d’ingénierie dans un secteur où le secret des affaires est important » explique avoir interdit à ses salariés d’utiliser l’IA de peur que cela « génère ou récupère des informations sensibles ». A une autre table, un dirigeant d’un groupe automobile mise au contraire sur« IA responsable »en adoptant un code de déontologie informatique et un outil « contrôlé, filtré et étanche » Pour « Développer de nouvelles façons de travailler » dans le business. Des groupes comme ADP ou la SNCF ont également opté pour une sorte de « ChatGPT interne » fonctionnant de manière isolée, tout en régulant les conditions d’utilisation, en formant et en responsabilisant les salariés.

Le Medef estime que« un quart des entreprises se sont emparées du sujet »dans le but de sécuriser les données et de réguler les usages. « L’IA affectera le travail intellectuel. Il faut faire en sorte que cette technologie ne serve pas à remplacer un salarié mais à en faire un salarié augmenté. » insiste Pierre-Antoine Badoz, directeur de la conformité d’Orange.

A la pointe du sujet, le géant français des télécoms a adopté une charte et un conseil éthique de la donnée et de l’IA, réunissant des personnalités externes compétentes pour tester les usages possibles de l’IA dans chaque métier. Et abandonnez-le si ce n’est pas souhaitable.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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