Un tueur à gages de 14 ans tire « accidentellement » et dit « désolé »
L’avocat du tueur à gages de 14 ans, soupçonné d’avoir tué Nessim Ramdane à Marseille, s’est exprimé pour la première fois. Elle évoque un enfant « placé dès l’âge de 9 ans », dont les parents sont en prison. Aux policiers, ce dernier aurait indiqué qu’il avait tiré « accidentellement ».
Elle l’a aidé cinq heures après l’incident. Coline Grindel, avocate pénaliste au barreau de Marseille, qui défend le jeune tueur à gages de 14 ans, accusé d’avoir tué Nessim Ramdane d’une balle dans la tête le 4 octobre dans la cité phocéenne, s’exprime pour la première fois.
Chez nos confrères de La Provence, elle a évoqué la vie de son client, le contrat de « 50 000 euros » pour l’assassinat d’un membre d’un clan adverse, mais aussi les faits.
Il explique avoir tiré « accidentellement »
Arrêté rapidement après les faits survenus dans la nuit du 3 au 4 octobre, le jeune adolescent de 14 ans s’est confié à la police lors de sa garde à vue de 48 heures. « Dès le début, il a pleinement coopéré avec la police », précise Coline Grindel.
Devant les enquêteurs, il a confirmé avoir accepté un contrat, proposé par un sponsor présumé, détenu à la prison d’Aix-Luynes, sur le réseau social Snapchat. « Il a déclaré que le montant de ce contrat était de 50 000 euros », confirme également son avocat.
Une somme pour assassiner un membre d’un gang adverse, que le commanditaire accusait d’avoir participé au meurtre d’un adolescent de 15 ans poignardé « 50 fois » et brûlé vif quelques jours auparavant.
Sauf que, « complètement paniqué », le jeune homme de 14 ans a tué le chauffeur d’un VTC, qui – sans aucune connaissance des faits – était censé emmener le tueur à gages sur les lieux de l’assassinat. Selon Coline Grindel, il « a expliqué aux policiers que le coup de feu avait été tiré accidentellement (…) et a pensé que la balle avait touché l’épaule ».
« C’est aussi le policier qui l’a entendu qui lui a expliqué le fonctionnement de son arme », ajoute le conseil. Elle indique que son client a « exprimé des remords ». « Il a dit qu’il était désolé », a-t-elle poursuivi.
Un enfant placé à l’âge de 9 ans
Alors que le procureur de la République de Marseille Nicolas Bessone a parlé d’un « amateurisme effrayant », Coline Grindel confirme ses propos. « Il n’avait jamais utilisé d’arme auparavant », explique-t-elle. « Ce n’est pas un tueur de sang-froid comme on tente de le décrire depuis plusieurs jours. »
Le conseil en a ensuite profité pour évoquer la vie de ce jeune garçon. « Il a été placé en foyer à l’âge de 9 ans, explique Corine Grindel. Ses deux parents sont « en détention pour des affaires liées au trafic de drogue ».
L’avocat décrit un environnement familial « peu fonctionnel » identifié par l’État qui a placé l’enfant. « Il était censé être retrouvé par l’Aide à l’enfance et avant les faits, il aurait dû se trouver dans un centre éducatif fermé à Avignon », ajoute Me Coline Grindel.
Depuis août, ce dernier était en cavale. Il avait été hébergé dans un camp de voyageurs qui « le faisait travailler sur un point de deal », précise son avocat, qui s’interroge.
« Comment un enfant placé, pris en charge par l’État, peut-il se retrouver en cavale pendant un mois et demi, complètement errant, au point de se lancer dans la délinquance ?
L’assassin présumé de Nessim Ramdane a été placé en détention provisoire « pendant six mois » dans une zone réservée aux mineurs. « Il a été éloigné de Marseille pour sa sécurité », précise l’avocat. Si elle ne lui a pas rendu visite, elle avoue avoir prévu de le faire « dès la semaine prochaine ».