Un touriste français raconte l’attaque meurtrière de Bamiyan
Trois touristes espagnols et trois Afghans ont été abattus vendredi dans la province de Bamiyan. Anne-France-Brill, une Française de 55 ans, était assise dans l’un des deux fourgons du groupe.
En entendant les coups de feu vendredi, Anne-France Brill a cru qu’il s’agissait d’une fête au marché où son groupe s’était arrêté pour acheter des fruits. Ce touriste français effectuait un voyage organisé à Bamiyan en Afghanistan au moment de l’attaque de vendredi qui a fait six morts, dont trois touristes espagnols et trois Afghans.
La réalité l’a rattrapée lorsqu’elle a entendu un de ses compagnons de voyage, ressortissant lituanien, crier et lorsqu’elle « s’est rendu compte qu’elle avait du sang partout dans le ventre ».
« Elle est devenue complètement blanche », et, en anglais, « elle m’a dit : ‘J’ai froid, j’ai froid… Je vais mourir' », raconte la touriste de 55 ans.
Anne-France-Brill était assise dans l’une des deux camionnettes du groupe lorsqu’un homme armé s’est approché pour ouvrir le feu sur le véhicule. « Il y avait vraiment du sang partout entre nous », témoigne-t-elle.
Un autre touriste du groupe, un ressortissant norvégien, a été blessé. Leur chauffeur, plus grièvement blessé, était l’un des trois Afghans tués dans l’attaque, où trois touristes espagnols ont également perdu la vie.
Même si la rafale n’a duré que quelques secondes, le temps a paru très long aux touristes accroupis sur le plancher du van. Les autorités ont réappliqué « au bout d’un quart d’heure environ », et « bloqué » la rue, explique Anne-France Brill, originaire de Courbevoie en région parisienne.
« J’ai pleuré comme une madeleine »
Les blessés ont été entassés à l’arrière de camions appartenant aux autorités talibanes et transportés d’urgence à l’hôpital de Bamiyan puis à Kaboul. Les survivants, indemnes, ont regagné leur hôtel avant d’être exfiltrés dans la nuit vers Kaboul, où ils ont été accueillis par une délégation de l’Union européenne.
Avant de quitter Bamiyan, le touriste français a réussi à récupérer les affaires « malheureusement ensanglantées » appartenant aux personnes tuées et blessées dans l’attaque.
« Mais c’est tellement important pour les familles, alors on a essayé de récupérer tout ce qu’on pouvait », confie Anne-France Brill.
Parmi ces objets figure le sac à dos d’une jeune Espagnole, tuée lors de l’attaque avec sa mère. Leurs corps, ainsi que celui de la troisième victime, seront rapatriés en Espagne.
Anne-France Brill et deux Américains ont pris des vols de Kaboul à Dubaï. L’état de choc psychologique s’est manifesté au moment de récupérer les bagages sur le tapis roulant : « J’ai pleuré comme une boule (…) en me disant que ça y est maintenant je suis ‘sûr’ (en sécurité, ndlr) », confie le cinquante ans, qui travaille dans le marketing.
Ce voyageur solitaire échangeait des conseils sur WhatsApp avec d’autres membres du groupe avant d’arriver en Afghanistan. Mais aujourd’hui, ses conversations consistent principalement à prendre des nouvelles de ses camarades de voyage blessés. « Quelque chose comme ça vous arrive, ça crée des liens. Oui, c’est sûr », conclut Anne-France Brill.