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un tiers des internautes subissent des effets néfastes

On connaissait les effets néfastes de l’exposition aux écrans sur les enfants, moins sur les adultes. L’Insee a publié pour la première fois, jeudi 13 juin, une enquête auprès des 15-74 ans. Il apparaît que 34% des personnes interrogées rapportent au moins un effet néfaste lié à l’utilisation des écrans (ordinateur, smartphone, télévision, console…) dans la vie quotidienne, en dehors du temps d’études ou de travail.

Les plus jeunes sont particulièrement concernés : 57% chez les moins de 20 ans et 49% chez les 20-34 ans, note l’Institut de la statistique qui s’appuie sur l’enquête ménages de 2023 sur la technologie. l’information et la communication (TIC Ménages) et l’enquête économique mensuelle (Camme).

L’effet indésirable le plus fréquemment cité est la réduction du temps de sommeil. Une personne sur quatre déclare se coucher plus tard, au moins une fois par semaine, pour rester devant les écrans. Les moins de 30 ans le font plus que les autres : 37% des 15-19 ans et 43% des 20-29 ans se privent de sommeil contre 25% pour l’ensemble des internautes. Ce comportement est plus fréquent chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes de moins de 25 ans et augmente avec le niveau d’éducation.

Risques pour le cerveau

« Le manque de sommeil est mauvais pour tout le monde, mais encore plus pour les 15-19 ans. rappelle Grégoire Borts, spécialiste des neurosciences cognitives et membre de la commission sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans, qui a remis son rapport en avril. L’adolescence est une période caractérisée par un développement cérébral extrêmement important et des nuits trop courtes vont avoir un effet sur la plasticité du cerveau et donc sur sa capacité à apprendre. »

Non seulement les moins de 25 ans se couchent tard, mais ils privilégient aussi plus souvent les écrans aux loisirs, augmentant ainsi les risques sanitaires liés à la sédentarité. Ils sont 18% chez les 20-24 ans et 15% chez les 15-19 ans. Les personnes seules et les personnes en couple qui ne vivent pas sous le même toit sont plus touchées, note l’Insee.

Les jeunes internautes font également état d’effets sur leur équilibre mental : 11 % des 15-19 ans et 7 % des 20-34 ans se sentent déprimés après avoir utilisé un écran, contre 4 % de l’ensemble de la population.  » L’enquête sous-estime la réalité de la prévalence des symptômes dépressifs chez les jeunes, les chiffres de Santé Publique France sont autour de 40% depuis le Covid, observe Grégoire Borts. On ne peut cependant pas, à ce jour, faire de lien de causalité entre utilisation des écrans et dépression même si l’on observe une amplification de certains symptômes. Si un jeune est malade, il va passer beaucoup de temps sur les réseaux sociaux et faire des comparaisons sociales, ce qui réduit son estime de soi et risque d’augmenter son mal-être. »

Des jeunes plus dépendants

En plus des symptômes dépressifs, les jeunes sont également plus sujets au risque de « ressentir un désir obsessionnel d’être sur un écran » : 19% des 15-19 ans et 14% des 20-34 ans ressentent cette dépendance contre 9% de l’ensemble des internautes. Vivre en couple dans un même logement réduit cependant le sentiment de dépression et les désirs obsessionnels liés à l’utilisation des écrans, souligne l’Insee.

Un tiers (35%) des personnes interrogées sont conscientes de ces effets néfastes et ont déjà tenté de limiter le temps passé devant un écran, selon l’enquête. Ils sont 50% à moins de 30 ans, catégorie qui utilise le plus Internet : un sur trois passe plus de 6 heures par jour devant un écran le week-end contre un sur dix chez les plus de 45 ans. Parmi les personnes ayant tenté de limiter leur usage des écrans, 7% déclarent ne pas pouvoir le faire.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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