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un texte européen pour préserver les écosystèmes

La législation européenne sur la restauration de la nature, à laquelle les États membres ont donné leur feu vert définitif lundi, vise à enrayer le déclin de la biodiversité en réparant les écosystèmes endommagés et en préservant les forêts, les cours d’eau et les terres agricoles, un texte toutefois édulcoré après une âpre bataille politique.

Pollution, urbanisation, exploitation intensive : selon Bruxelles, 80% des habitats naturels de l’UE sont en état de conservation « mauvais ou médiocre » (tourbières, dunes, prairies notamment), et jusqu’à 70 % des sols sont en mauvaise santé.

Après validation par les députés fin février, le vote des ministres de l’Environnement permet au texte d’entrer en vigueur.

Réparer les écosystèmes endommagés

En lien avec l’accord international Kunming-Montréal (COP15 Biodiversité), le texte impose aux Vingt-Sept de mettre en place des mesures de restauration sur 20 % des espaces terrestres et marins à l’échelle de l’UE d’ici 2030, puis d’ici 2050 dans toutes les zones qui le nécessitent.

Différents types d’habitats sont répertoriés (milieux à faune et flore spécifiques : zones humides, prairies, forêts, rivières, prairies sous-marines, etc.) : chaque État sera tenu de restaurer au moins 30 % de ces habitats d’ici 2030 en mauvais état, puis 60 % d’ici 2040 et 90 % d’ici 2050. Une flexibilité est accordée pour « habitats très communs et répandus ».

Jusqu’en 2030, la priorité doit être donnée aux sites situés dans des zones classées Natura 2000. Les États seront tenus d’établir des feuilles de route précises.

Non-détérioration

Bruxelles a voulu imposer un objectif contraignant de « non-détérioration » (maintenu en bon état) sur les zones ayant fait l’objet de restauration. Les États et les députés ont préféré fixer une simple obligation de prendre des mesures, sans contrainte de résultats.

Des flexibilités existeront pour les pays majoritairement couverts par un seul type d’écosystème (pays scandinaves), et des exemptions sont prévues pour les énergies renouvelables ou les infrastructures militaires.

Terres agricoles

Dans leur mandat de négociation initial, les députés ont complètement supprimé l’article concernant les terres agricoles. Il a finalement été rétabli à la suite de négociations avec les États, sous une forme sensiblement assouplie.

Les États devront prendre des mesures « visant à réaliser des tendances croissantes » d’ici fin 2030 pour deux des trois indicateurs (papillons des prairies, carbone dans les sols, part des terres agricoles « haute diversité »), avec des objectifs de population d’oiseaux communs dans les campagnes.

Et 30 % des tourbières drainées utilisées en agriculture devront être restaurées d’ici 2030 (dont au moins un quart en les réhumidifiant), 40 % d’ici 2040 et 50 % d’ici 2050 : l’idée est de redonner vie à ces puits. réserves naturelles de carbone et de biodiversité.

Mais « flexibilités » sera possible pour les États les plus concernés, et le réapprovisionnement en eau restera  » facultatif «  pour les agriculteurs et les propriétaires privés.

Enfin, les États sont tenus d’arrêter le déclin des populations de pollinisateurs au plus tard en 2030, avant d’augmenter la population, avec un suivi régulier.

En revanche, l’objectif indicatif proposé par Bruxelles d’étendre les zones de « haute diversité » (haies, étangs, arbres fruitiers, etc.) à 10 % des terres agricoles à l’échelle de l’UE a disparu très vite. , face à la bronca des députés européens de droite, qui y voyaient une menace pour la sécurité alimentaire.

« Arrêt d’urgence »

Un système a été mis en place pour suspendre l’application des dispositions du texte en cas de circonstances « exceptionnel »en particulier « de graves conséquences sur la disponibilité des terres nécessaires pour assurer une production suffisante pour la consommation de l’UE ».

Ce « arrêt d’urgence » serait déclenchée par la Commission européenne pour une durée maximale d’un an.

Villes, forêts, rivières

Les Etats seront contraints de ne pas réduire leurs surfaces d’espaces verts et arborés dans les villes en 2030 par rapport à 2021 (avec des assouplissements s’ils constituent déjà 45 % des écosystèmes urbains), puis de continuer à les renforcer.

Le texte prévoit de supprimer les obstacles (par exemple certains petits barrages obsolètes) sur les rivières afin d’atteindre au moins 25 000 km de cours d’eau. « gratuit » d’ici 2030 pour le mieux « connectivité naturelle ».

Dans le même délai, les Etats doivent avoir adopté des mesures permettant une évolution « positif » sur plusieurs indicateurs forestiers : carbone, populations d’oiseaux, quantité de bois mort sur pied et au sol… Sur ce dernier point, l’application prendra en compte les risques d’incendie dans les régions très sèches.

L’objectif indicatif de planter au moins trois milliards d’arbres supplémentaires dans l’UE d’ici 2030 a été inscrit dans la législation.

Financement

Environ 115 milliards d’euros du budget européen 2021-2027 sont prévus pour la biodiversité.

Bruxelles estime que chaque euro investi rapportera entre 8 et 38 euros, via les bénéfices d’écosystèmes sains (dépenses de santé, pollinisation, qualité des sols, diminution des inondations, atténuation du climat, réserves halieutiques préservées, etc.).

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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