Hakon Haraldsson inscrit un but depuis la surface pour Lille au stade Pierre-Mauroy quand Jordan Amavi, à 900 kilomètres de là, enroule un coup franc dans les filets de Guillaume Restes au Stade toulousain. Les soirées multiplexes en Ligue 1 sont historiquement assez folles, intrinsèquement folles et évidemment riches en émotions, forcément décuplées aussi par des enjeux palpitants. Car à cette époque de l’année, fin mai, ce qui semble écrit au coup d’envoi ne s’écrit plus au fil des minutes. Théorie et pratique. Le tableau et la vérité sur le terrain, la seule, l’unique.
Dimanche soir, à 22h12, la dernière journée de la saison 2023-2024 a pris une tournure folle dans la course à la troisième place et à la qualification directe pour la Ligue des champions. Un duel à distance incroyable et époustouflant entre Lille et Brest. A 22h12, Haraldsson égalisait devant son public contre Nice, ne venant pas en touriste malgré sa cinquième place assurée et qui avait ouvert le score dès la 10e minute par l’ancien Brestois Gaëtan Laborde. A 22h12, Amavi, avec 60 secondes de temps de jeu au compteur avant ce match (!), fait le break pour le Stade Brestois à Toulouse. Six minutes plus tôt, Mahdi Camara avait trouvé la lucarne de Restes d’une superbe frappe à l’entrée de la surface. A 22h12, dimanche soir, Brest devance Lille de deux points au classement, chacune des deux équipes affichant un goal-average de +18. Le chasseur est devenu le chassé et le chassé est devenu le chasseur. Chaud chaud chaud!
Éric Roy change de système
Brest, qui restait sur une victoire en cinq matchs, à Rennes lors d’une performance historique, a trouvé à Toulouse l’énergie qui lui avait peut-être manqué contre Nantes et Reims, au Blé. Ce collectif fort, même sans quatre de ses joueurs (Locko, Lees-Melou, Martin et Le Cardinal) absents du dernier feu d’artifice d’une saison brestoise sensationnelle, a su se surpasser, une nouvelle fois. Assez incroyable… Le huis clos de jeudi, l’un des rares de la saison au Stade Brestois, était aussi annonciateur d’une surprise dans le système de jeu concocté par Eric Roy. Un 4-4-2 en losange, comme ce fut le cas lors de la Coupe de France en janvier au Parc des Princes. La prise de risque est payante. Un choix assumé qui a permis aux Brestois de prendre sereinement les commandes du match.
Le but de Lotomba à Nice
Mais une soirée comme celle-ci, avec ses rebondissements sortis de nulle part, n’a lieu qu’une fois par an et n’est jamais terminée, jamais. A 22h30, Lille, grâce à un but de Benjamin André, se dirigeait vers la victoire. Lille et Brest, ennemis d’un soir, 61 points chacun… et une égalité parfaite à 22h45 lorsque Kenny Lala inscrit son deuxième but de la saison, seul dans la surface de réparation. A cette époque, Brest aurait terminé quatrième du championnat, la faute à son déficit lors de la confrontation avec les Dogues.
Mais le Stade Brestois est béni des dieux et rien ne peut lui arriver. Un but du Niçois Jordan Lotomba à la 93e à Lille a propulsé Brest en Ligue des champions, sans passer par un tour préliminaire. Exceptionnel, fabuleux, extraordinaire, historique, improbable. Et mérité, vraiment mérité. Messieurs, respectez !
Fiche de données
Arbitre : M. Pignard
OBJECTIFS. Brest : Camara (48′), Amavi (54′), Lala (90′).
Avertissements. Toulouse : Mawissa (53′) ; Brest : Pereira-Lage (79′), Magnetti (83′).
BREST : Bizot – Lala, Chardonnet (cap.), Brassier, Amavi – Magnetti, Camara, Doumbia, Pereira-Lage (Del Castillo, 82′) – Mounié, Satriano (Le Douaron, 87′). Non entrés en jeu : Coudert (g.), Zogbé, Cartillier, Lebeau, Brahimi, Camblan.
Entraîneur : Éric Roy.
TOULOUSE : Reste – Desler (Kamanzi, 67′), Keben (Genreau, 56′), Nicolaisen (cap.), Costa, Suazo (Skytta, 67′) – Schmidt (Mawissa, 39′), Casseres – Gboho, Dallinga, Donnum (Magri, 56′). Non entrés en jeu : Dominguez (g.), Sierro, Gelabert, Cissoko.
Entraîneur : Martínez Novell.