un sociologue du catholicisme désigné pour mener l’enquête
Après le choc, au travail. En septembre, après la deuxième vague de révélations sur l’abbé Pierre, Emmaüs France et International a annoncé la création d’une commission d’experts indépendants. Sa direction a été confiée à Céline Béraud, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), a annoncé Emmaüs dans un communiqué publié mercredi 23 octobre. La composition complète de la commission sera annoncée avant la fin de l’année. l’année, et ses travaux débuteront début 2025, pour une durée estimée à deux ans.
« Dans le cadre de cette mission, qu’elle a acceptée, Céline Béraud aura d’abord la responsabilité de former librement autour d’elle une équipe d’experts, dont l’objectif sera de mettre au jour et « d’analyser les mécanismes qui ont permis à l’abbé Pierre de ne pas s’inquiéter publiquement ». depuis plus de soixante-dix ans pour ses actes de violences sexuelles »c’est expliqué dans le communiqué.
Que savaient certains animateurs d’Emmaüs ?
Céline Béraud est directrice d’études à l’EHESS. Ses principaux thèmes de recherche portent sur les questions de genre et de sexualité dans le catholicisme, la religion dans les institutions publiques et la sociologie du catholicisme en France. Elle est notamment l’auteur de l’ouvrage Le catholicisme français à l’épreuve des scandales sexuels (Seuil).
La commission devra également établir le niveau d’information dont disposaient les membres d’Emmaüs sur les actions de l’abbé Pierre à différentes périodes de son histoire, et examiner l’attitude des responsables face à ces informations. Une question sensible, alors que d’anciens responsables d’Emmaüs qui ont très bien connu l’abbé Pierre sont toujours en vie.
« L’un des défis est de saisir et d’analyser les mécanismes qui ont permis de faire taire pendant plusieurs décennies autour de ces faits très graves et ont conduit le prêtre à ne être ni condamné intérieurement par l’Église ni dénoncé à la justice civile », explique Céline Béraud. Ces mécanismes se retrouvent aussi bien au sein de l’institution ecclésiale que dans d’autres mondes sociaux dans lesquels l’abbé était une figure importante et respectée pour son action auprès des plus pauvres. »
Une omerta dans de nombreux environnements
En effet, bien au-delà de l’Église qui a ouvert ses archives en septembre aux journalistes et chercheurs, l’omerta semble avoir régné dans de nombreux milieux, qu’ils soient politiques, culturels ou associatifs. « Il est impossible de penser, quand on connaît les mécanismes des violences sexuelles, que de tels faits aient pu exister sans que personne n’en soit informé. »» reconnaît Adrien Chaboche délégué général d’Emmaüs International. Reste à déterminer ce que savaient exactement ces personnes, notamment sur la nature des actes et leur ampleur, et à comprendre pourquoi ces personnes ont fait ces choix. »
La commission aura pleinement accès aux archives de l’Abbé Pierre et d’Emmaüs International, et pourra consulter, avec l’accord des victimes, les rapports complets des entretiens menés par le cabinet Egaé dans le cadre de ses travaux. L’écoute réalisée à la demande d’Emmaüs au cours de l’année 2024. Enfin, la commission pourra organiser l’audition de personnes de son choix, témoins, experts, proches ou membres de la famille de l’Abbé Pierre.
La Conférence des évêques de France, de son côté, s’est félicitée « une nécessaire œuvre de vérité initiée par Emmaüs » et a réaffirmé le « disponibilité de l’Église catholique de France pour contribuer à faire la lumière sur ces agissements dont il est désormais prouvé qu’ils étaient connus dès les années 1950 ». » L’Église de France ouvrira notamment ses archives à la commission présidée par Céline Béraud, « pour faire la lumière sur ces faits extrêmement graves, dont personne ne connaît vraiment l’ampleur aujourd’hui. »