Un mystère bientôt résolu ? La mission franco-chinoise SVOM (Space-based multi-band astronomical Variable Objects Monitor) a décollé samedi 22 juin à bord d’une fusée chinoise Longue March 2-C depuis la base spatiale de Xichang, dans le sud-est de la Chine. Le satellite de 930 kg qui contient quatre instruments (deux chinois, deux français) a été conçu pour étudier les sursauts gamma, ces phénomènes cosmiques très lointains, à la puissance monumentale.
Ces éclairs lumineux, découverts il y a une cinquantaine d’années, sont d’une énergie si intense qu’ils peuvent parcourir des milliards d’années-lumière. Ils sont considérés comme des témoins clés des premiers jours de l’Univers, mais les astronomes ont du mal à les observer en raison de leur caractère éphémère.
Ces flashs surprennent par leur puissance. « C’est la forme de lumière la plus énergétique, invisible à nos yeux. Il est plus énergétique que les rayons X, eux-mêmes plus énergétiques que les rayons ultraviolets, eux-mêmes plus énergétiques que la lumière visible. explique Guillaume Langin, journaliste scientifique pour la revue spécialisée Ciel et espace.
Comprendre l’univers primitif
Depuis leur découverte accidentelle en 1967 par des satellites espions américains, les sursauts gamma font l’objet d’une grande curiosité au sein de la communauté scientifique. Les recherches ont permis d’en détecter deux types : les courtes, qui durent moins de deux secondes, et les longues, qui peuvent durer plusieurs minutes.
Deux hypothèses prédominent dans la communauté scientifique pour expliquer l’origine de ces éclairs. Ils pourraient être « la manifestation de la mort cataclysmique d’étoiles géantes, au centre de laquelle apparaît un trou noir », explique Guillaume Langin.
Les courtes rafales pourraient être causées « par la fusion d’étoiles compactes appelées « étoiles à neutrons », il continue. « Mais ces explications cherchent à être confirmées, clarifiées, voire contredites, par un plus grand nombre de données. » tempère le journaliste scientifique.
La mission 🇫🇷🇨🇳 SVOM vise à détecter les sursauts gamma, phénomènes les plus lumineux observés depuis le Big Bang. Une énergie colossale !
Voici une vidéo pour mieux comprendre le @SVOM_mission. pic.twitter.com/9g9JCLpPH1
-CNES (@CNES) 29 mai 2024
De son côté, le Centre national d’études spatiales (Cnes) assure que ces flashs « offrir le seul moyen (…) de sonder les confins du cosmos ». L’objectif de cette mission est de mieux comprendre les origines de ces phénomènes qui pourraient expliquer les mystères de l’univers profond.
En orbite depuis trois ans
Cette mission est une course contre la montre. Dès que SVOM détecte une rafale, il envoie une alerte à une équipe de scientifiques de garde 24h/24. En moins de cinq minutes, ils devront déclencher un réseau de télescopes au sol qui s’aligneront précisément dans l’axe de la source du sursaut, pour des observations plus approfondies.
Le sursaut gamma le plus puissant jamais détecté a été observé en octobre 2022, rapporte Ciel&Espace. Reste à savoir si SVOM sera capable d’en capturer des plus spectaculaires. Le satellite restera donc en orbite pendant trois ans. « A cette fin, nous pouvons espérer une prolongation de la mission, comme c’est généralement le cas pour les missions scientifiques spatiales », explique Guillaume Langin.
Sans être rares, ces coopérations spatiales Chine-Occident ne sont pas si fréquentes à ce niveau. D’autant plus que Washington a interdit à la NASA toute collaboration avec Pékin dans l’espace en 2011. Cette nouvelle collaboration a donc aussi un « signification politique », a expliqué à l’AFP Chen Lan, spécialiste du programme spatial chinois. Malgré les tensions entre la Chine et l’Occident, le partenariat entre Paris et Pékin » montre que la coopération scientifique peut se poursuivre malgré les difficultés », a-t-il déclaré.