Si l’acte est moralement répréhensible, d’un point de vue juridique, ce n’est pas si évident, estime un avocat spécialisé sur BFM Business.
Lorsqu’un salarié est en arrêt maladie, il doit en principe rester chez lui. Mais parfois, certains prennent des libertés, d’autres prennent même des vacances et n’hésitent pas à publier des photos sur leurs réseaux sociaux…
Que se passe-t-il si le patron de cet employé tombe sur ces photos de plage et de soleil alors qu’il croyait apercevoir son employé au pied de son lit ? Est-ce une raison légitime pour le licencier ? La réponse n’est pas si simple.
« Elle a tort moralement mais juridiquement, la réponse est beaucoup plus compliquée, notamment à cause de la jurisprudence », résume sur BFM Business, Thierry Meillat, avocat spécialisé au cabinet Hogan Lovellis.
« Les employeurs estiment qu’il s’agit d’une faute grave justifiant un licenciement, pas du tout. Nous n’avons pas le droit de sanctionner un salarié qui est en vacances ou qui exerce même une autre activité pendant un arrêt maladie sauf si cette activité est concurrente ou si elle nuit à l’entreprise. » intérêts de l’entreprise », poursuit l’expert.
Malgré tout, l’entreprise dispose de moyens de coercition. « Il passe par la Sécurité sociale ou l’organisme d’assistance sociale en demandant une seconde visite. Un médecin sera mandaté et s’il estime que l’arrêt n’est plus justifié ou si le salarié n’a pas répondu à sa convocation puisqu’il se trouve en Grèce, le congé de maladie prend fin immédiatement.
La « sortie libre » permet beaucoup de choses
Conséquence : « le salarié doit regagner son poste de travail mais l’employeur ne pourra pas le sanctionner », souligne Thierry Meillat.
Être en vacances ou occuper un emploi secondaire pendant un congé de maladie n’est pas rare. Preuve en est ce qui se passe à la RATP avec les chauffeurs de bus qui ont une activité VTC. « La RATP essaie de prendre des mesures mais comme je l’ai dit, c’est compliqué », explique l’avocat.
Ce scénario « est typiquement français », ajoute Thierry Meillat. « Dans d’autres pays, la question ne se pose pas, c’est une sanction. »
D’autant que parfois, l’arrêt maladie rédigé par un médecin ne donne aucune limitation, la personne malade peut sortir, on appelle ça une sortie gratuite, peut être accompagnée et la présence de sa famille à l’étranger par exemple peut totalement justifier un voyage.
« Le médecin peut très bien, dans le cadre de l’arrêt maladie, autoriser une « sortie libre » qui ne permet pas forcément de partir à l’étranger mais le médecin peut autoriser de prendre des vacances ou d’aller à la montagne ou à la mer et c’est quelque chose qui on voit », confirme Thierry Meillat.