Un Russe reconnu coupable du meurtre de Boris Nemtsov, leader de l’opposition, est libre de se battre
L’opposant russe Boris Nemtsov a été tué à Moscou en 2015. Cinq hommes ont été condamnés à des peines de prison, dont Tamerlan Eskerkhanov. Ce dernier a été libéré pour combattre sur le front russe.
Un condamné au front. Le Russe Tamerlan Eskerkhanov, condamné pour meurtre, a été libéré par Moscou après avoir signé un contrat avec l’armée russe, a rapporté samedi 10 août l’agence Reuters, citant des médias russes. Il doit rejoindre le front en Ukraine.
« Eskerkhanov a signé un contrat avec le ministère de la Défense en mars 2024, a été gracié, puis libéré de sa colonie pénitentiaire », a rapporté l’agence de presse russe TASS.
« Il a rejoint l’une des unités d’assaut et effectue désormais des missions de combat dans la zone d’opérations militaires spéciales », a indiqué l’agence.
Condamné à 14 ans de prison
Tamerlan Eskerkhanov a été reconnu coupable en 2017 de complicité dans le meurtre de Boris Nemtsov, un opposant politique au Kremlin, en 2015, et a été condamné à 14 ans de prison.
Quatre autres personnes ont été condamnées à des peines de prison dans cette affaire, mais selon TASS, elles sont toujours derrière les barreaux parce qu’elles ont refusé de signer un contrat avec l’armée.
« Mépris » pour la « mémoire » de Boris Nemtsov
L’ancien porte-parole de Boris Nemtsov, Ilya Yashin, a réagi à cette annonce en dénonçant « un mépris pour la mémoire de son ami décédé ».
Ilya Yashin lui-même a été libéré le 1er août, lors du plus grand échange de prisonniers russes et occidentaux depuis la fin de la guerre froide. Parmi les prisonniers figuraient le journaliste américain du Wall Street Journal Evan Gershkovich et plusieurs agents des services secrets russes.
Avant sa condamnation fin 2022 à huit ans et demi de prison pour avoir dénoncé « le meurtre de civils » dans la ville ukrainienne de Buchá, Ilia Yashin avait également combattu aux côtés de l’opposant russe Alexeï Navalny, mort en détention en février 2024.
Une pratique courante en Russie
Le recrutement dans l’armée russe parmi les prisonniers est une pratique récurrente depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.
Le Russe Dmitri Malyshev, condamné en 2014 pour le meurtre d’un migrant tadjik dont il avait ensuite arraché et mangé le cœur, a notamment été libéré et a rejoint le front, ont annoncé les médias russes en mai dernier.
Dès 2022, la société paramilitaire Wagner a commencé à recruter des dizaines de milliers de prisonniers dans les prisons russes. Ces prisonniers ont ensuite été en grande partie décimés lors d’attaques extrêmement meurtrières, notamment lors de la bataille de Bakhmut.